Même si les finances du groupe sud-coréen s'avèrent assez solides pour encaisser le choc, le retrait de ce Galaxy Note 7 conçu pour concurrencer Apple dans le marché haut de gamme est une tache considérable au dossier de Samsung Electronics.

Encore une fois, c'était trop beau pour être vrai.

On a eu le scandale des véhicules diesels du groupe Volkswagen, dont les belles statistiques de consommation se sont finalement révélées inatteignables dans le respect des normes antipollution américaines. On a maintenant le Galaxy Note 7, dont les grandes qualités ne résistent pas à l'exigence de sécurité la plus élémentaire, soit l'absence de risque d'explosion.

Samsung Electronics l'a enfin reconnu hier. La production et la vente de ce modèle sont terminées, les consommateurs doivent cesser de l'utiliser, a annoncé la société. Son titre a perdu 8 % de sa valeur en Bourse, mais ce n'est que le plus visible de ses problèmes.

On sait que VW a triché aux tests antipollution pour pouvoir vendre ses véhicules aux États-Unis.

Samsung avait-elle eu vent des risques de combustion spontanée de ses téléphones ? C'est une question qu'il faudra creuser. Et c'est loin d'être la seule.

S'agit-il seulement d'un problème de piles défectueuses, ou la surchauffe vient-elle de l'interaction entre la pile et l'appareil ?

L'un comme l'autre soulèvent des doutes sur le choix et la gestion des fournisseurs. Le deuxième scénario est toutefois plus inquiétant, car il suppose des erreurs en amont, à l'étape de la conception et du choix des composants de l'appareil. S'il s'avère, il faudra déterminer s'il s'agit d'un épisode isolé, limité à la division des appareils mobiles, ou si c'est le résultat d'une culture d'entreprise plus large. A-t-on vraiment maîtrisé l'incendie, ou le feu couve-t-il encore dans d'autres divisions ? La question est d'autant plus préoccupante que des cas de laveuses Samsung perdant leur couvercle en marche (rapportés comme des « explosions de laveuses ») ont été signalés récemment au Canada et aux États-Unis.

La réputation d'une marque joue pour beaucoup dans les décisions d'achat. Samsung est arrivée bonne septième au palmarès international Interbrand publié la semaine dernière - derrière Apple et Google mais devant Amazon et General Electric. Où se trouverait-elle aujourd'hui ? Et qu'en est-il de sa gamme de cellulaires Galaxy ? Ce nom-là est-il brûlé au point de ne plus pouvoir être utilisé pour de futurs modèles ?

Vendredi dernier encore, Samsung Electronics évoquait un bénéfice d'exploitation supérieur aux attentes au troisième trimestre, même avec le premier rappel du Note 7. C'était avant le retrait définitif de ces 2,5 millions d'appareils, hier. Selon un analyste cité par le Wall Street Journal, celui-ci pourrait coûter jusqu'à 2,8 milliards de dollars américains au quatrième trimestre. En plus des radiations, il faudra prendre des provisions pour indemniser les victimes et, sans doute, affronter d'autres recours. Et c'est sans compter les ventes perdues au profit d'Apple et de Google. Dans la catégorie ratage, celui-là est spectaculaire.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion