L'image du bachelier condamné à faire des cafés à la chaîne faute de boulot plus payant ne tient pas la route. Un baccalauréat, même en sciences humaines ou sociales, permet de gagner davantage qu'un boulot de barista, et ce, dès la première année sur le marché du travail, montre une nouvelle enquête de l'Initiative de recherche sur les politiques de l'éducation. Une victoire des données sur les idées reçues.

« Les gens se demandent pourquoi aller dans les sciences sociales, les humanités, les arts parce qu'ils ne voient jamais de poste où l'on cherche, par exemple, un philosophe. Pourtant, nos données montrent clairement que ces diplômés ont des emplois, avec des salaires assez intéressants qui augmentent avec les années », souligne l'auteur principal du rapport, Ross Finnie, économiste et professeur à l'Université d'Ottawa.

L'enquête a croisé les fichiers de sept universités canadiennes avec ceux de Statistique Canada sur l'impôt des particuliers. Les données ayant été anonymisées, on sait seulement que les sujets ont obtenu leur bac en Ontario, en Colombie-Britannique, en Alberta ou dans une province atlantique entre 2005 et 2012. Les chercheurs ont ainsi pu suivre les revenus déclarés de quelque 7500 à 11 000 nouveaux diplômés par an, et ce, pendant huit ans pour la cohorte de 2005.

Comme on pouvait s'y attendre, il y a des domaines plus lucratifs. Les ingénieurs touchent le revenu moyen le plus élevé, devant les diplômés en math et informatique et ceux en administration. Les bacheliers en sciences sociales, humanités (philo, histoire, lettres, langues, etc.) et beaux-arts ferment le bal.

Par contre, tous ces bacs, sans exception, donnent accès à un meilleur salaire qu'un emploi de barista dans une chaîne (estimé à environ 22 000 $). Après seulement un an sur le marché du travail, un diplômé en humanités gagne près de 33 000 $ en moyenne, et celui en sciences sociales, plus de 36 000 $. Les bacheliers en arts touchent 29 000 $ en moyenne.

L'idée qu'un bac soit un bout de papier sans valeur ne tient donc pas la route.

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Oui, il y a des diplômés qui doivent conserver leur emploi étudiant durant quelque temps, ou qui n'arrivent pas à se placer « dans leur domaine ». 

Les programmes en sciences humaines et sociales ou en arts ne sont pas des tapis roulants qui amènent l'étudiant du point A à l'employeur B. Il faut faire son chemin. 

À la longue, toutefois, c'est payant, et de plus en plus. Le salaire moyen a augmenté de 56 % à 86 % en huit ans dans la plupart des domaines. C'est pas mal mieux que la hausse du coût de la vie.

Le système créé pour cette enquête permettra d'étudier toutes sortes de liens, par exemple entre les notes et le salaire. Il serait donc important que les universités québécoises fournissent leurs données.

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