Ils l'ont voulu, ils l'ont eu. Les pro-Brexit ont gagné leur référendum, mais les réjouissances risquent d'être de courte durée. La transition ne sera pas de tout repos. Et plusieurs des frustrations qui ont mené au rejet de l'Union européenne (UE) seront encore bien présentes après la séparation.

La réaction des marchés ne s'est pas fait attendre hier. La livre sterling est tombée à son plus bas niveau en 30 ans et les Bourses européennes ont enregistré leur pire séance depuis 2008. Les principaux indices boursiers nord-américains ont accusé le coup.

Que la dernière journée de la semaine ait pris des allures de sauve-qui-peut n'a toutefois rien d'étonnant dans les circonstances. Il faudra plutôt voir comment les choses se placeront au cours des prochaines semaines. De toute façon, les banques centrales se tiennent prêtes à intervenir.

Si les marchés vont finir par trouver leurs marques, l'incertitude générale dans laquelle ce vote a plongé le Royaume-Uni n'est pas près de se dissiper. Les ténors de l'Union européenne ont beau réclamer une séparation rapide, le mode d'emploi reste à écrire, et il s'annonce complexe. Rien pour inciter les entreprises à investir ou à se développer. Des décisions vont rester en suspens, des projets vont tomber à l'eau. Les consommateurs seront également sur la défensive - en particulier s'ils sont originaires de l'UE et craignent de ne plus pouvoir travailler sur le sol britannique. 

Le pays échappera peut-être à la récession, mais le ralentissement économique est inévitable. 

Entre les tractations avec l'Europe, la négociation de nouveaux accords commerciaux et la révision des lois nationales imbriquées à celles de Bruxelles, les Britanniques en auront plein les bras au cours des prochaines années. Et le monde n'arrêtera pas de tourner pour eux.

Cela dit, le Royaume-Uni demeure une puissance économique et financière non négligeable. Dans 10 ans, il sera peut-être en aussi bonne position que s'il était resté avec l'UE. Sauf que la plupart des insatisfactions qui ont fait pencher la balance en faveur du Brexit seront encore bien présentes.

Les bancs de poissons ne se repeupleront pas avec la disparition des quotas européens, les régions mono-industrielles minées par le chômage ne se revitaliseront comme par magie. Certes, on pourra contrôler l'entrée de travailleurs en provenance de l'UE, mais ça ne rendra pas les frontières plus étanches à l'immigration illégale.

Le référendum a donné une voix aux laissés-pour-compte de la mondialisation ; malheureusement, il ne leur donnera pas beaucoup plus. Les frustrations légitimes demeurent. La seule différence, c'est que les élus britanniques devront maintenant les affronter seuls, sans pouvoir rejeter le blâme sur l'Union européenne.

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