Le budget Leitao a donné quelques poussées dans le dos des entreprises - des mesures dont elles pourront se prévaloir sans avoir à faire d'effort supplémentaire. Dans la plupart des cas, toutefois, elles devront d'abord mettre la main à la pâte.

Parmi les réels cadeaux, toutes les PME dont la masse salariale ne dépasse pas le million verront leur taux de la cotisation au Fonds des services de santé (FSS) diminuer encore plus que ce qui avait été annoncé dans les précédents budgets. Cet allègement toujours bienvenu s'appliquera progressivement à partir de janvier prochain.

De plus, certains entrepreneurs qui ne répondaient pas aux critères de la déduction pour petite entreprise (DPE) annoncée l'an dernier pourront désormais en bénéficier. L'obligation d'avoir plus de trois travailleurs à temps plein est remplacée par celle de payer un minimum de 5500 heures durant l'année. Les entreprises saisonnières ou en activité seulement quelques jours par semaine, mais qui donnent suffisamment de travail deviennent donc admissibles - ce qui est plus équitable et correspond mieux à l'esprit de cette déduction.

Les entrepreneurs en construction n'auront pas trop d'efforts à faire pour bénéficier des retombées du crédit RénoVert. Le téléphone doit déjà sonner, car les particuliers doivent conclure une entente avant le 1er avril 2017. Ce crédit applicable notamment aux systèmes mécaniques comme le chauffage et à l'enveloppe (isolation, portes et fenêtres, etc.) des résidences sourira aussi aux marchands de matériaux de construction. Québec s'attend à ce que les quelque 120 fabricants québécois d'équipements certifiés ENERGY STAR ou de matériaux de revêtement et d'isolation en profitent également.

Sa décision de puiser dans le Fonds vert pour financer la quasi-totalité de cette mesure de 175 millions risque cependant d'être critiquée. La déduction pour sociétés innovantes (qui réduit le taux d'imposition sur les revenus découlant de brevets québécois de 11,8 à 4 %) est à cheval entre la récompense et l'incitatif. Récompense : ces brevets sont le résultat d'années de recherche antérieures. Incitatif : les produits incorporant ces innovations devront être fabriqués ici. Espérons que cette déduction convaincra les entreprises détentrices de ces brevets, ou celles qui les rachèteront, de les exploiter ici.

Le secteur forestier, qui rafle la part du lion de l'aide aux entreprises dans ce budget, s'est aussi vu offrir un généreux cocktail d'allégements et d'incitatifs.

Toutefois, une grande partie des mesures annoncées jeudi demande aux entreprises de faire les premiers pas et de réaliser des investissements qui seront en partie soutenus par l'État.

C'est le cas des stratégies numérique et aérospatiale (que la nouvelle ministre de l'Économie, des Sciences et de l'Innovation, Dominique Anglade, aura à préciser au cours des prochains mois), de l'aide à l'exportation et des rabais d'électricité aux grandes sociétés manufacturières qui moderniseront leurs installations.

Souhaitons que ces incitatifs soient les bons. Le plan économique a beau prétendre que « le rebond des investissements est en cours », il est loin d'être assuré. Pour l'instant, les investissements des entreprises sont au point parfaitement mort, avec une croissance de 0,0 % en 2016. Après trois années de déclin (alors que la force du dollar canadien aurait dû favoriser l'acquisition d'équipements et de technologies à l'étranger), Québec s'attend à une remontée de près de 3 % en 2017 et 2018. Ce serait un progrès, mais bien timide comparé aux augmentations de plus de 9 % enregistrées en 2011 et 2012.

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