Obtenir un rendez-vous dans les 48 heures avec son médecin de famille ? Un exploit. Trouver une clinique qui vous permette d'avoir quand même accès à un médecin ou à une infirmière lorsqu'elle est fermée ? Bonne chance. Et cette fois, ce ne sont pas les patients qui le disent, mais les médecins. À bien des égards, l'accès et la coordination des soins demeurent beaucoup moins bons au Québec qu'ailleurs, confirme la nouvelle enquête internationale du Fonds du Commonwealth.

Opinion sur le fonctionnement du système de santé, difficulté à obtenir des examens diagnostiques spécialisés, attente d'un rendez-vous avec un spécialiste : dans bien des cas, le diagnostic des médecins québécois interrogés est beaucoup plus sombre que la moyenne canadienne ou celle des neuf autres pays participants*. « Tant pour les services de première ligne que pour les services spécialisés, l'accès [...] demeure une problématique criante au Québec », résume le Commissaire à la santé et au bien-être dans son rapport publié jeudi. La performance canadienne n'a pourtant rien d'éblouissant. « Le Canada demeure sous la moyenne pour 19 des 28 indicateurs de soins à l'étude », note l'Institut canadien d'information sur la santé.

Quelque 455 médecins québécois de première ligne ont participé à l'enquête de 2015. On ne peut les accuser d'avoir enjolivé le portrait.

Seulement 13 % disent que presque tous les patients qui leur demandent un rendez-vous le jour même ou le suivant en obtiennent un. C'est mieux qu'en 2012 (7 %), mais loin derrière la moyenne canadienne (28 %). Ils s'avouent aussi moins nombreux (37 %) que dans l'ensemble du Canada (48 %) à avoir pris des dispositions pour que leurs patients ayant besoin de soins en dehors des heures ouvrables puissent voir un médecin ou une infirmière sans passer par l'urgence.

D'autres maillons de la chaîne laissent aussi à désirer. Lorsqu'ils recommandent un patient à un spécialiste, les médecins québécois de première ligne sont parmi les moins susceptibles de recevoir un rapport ou d'être informés des changements effectués à la médication ou au plan de soins.

Ils ont aussi moins de chances d'être informés qu'un de leurs patients a été vu à l'urgence ou a reçu son congé de l'hôpital.

Une grande partie de ces problèmes se règleraient d'eux-mêmes si les informations médicales étaient systématiquement consignées en format numérique et accessibles dans l'ensemble du réseau de santé. Lueur d'espoir, de plus en plus de médecins de famille québécois apprivoisent les dossiers médicaux électroniques. Plus de la moitié des répondants (61 %) en utilisaient l'an dernier. C'est encore beaucoup moins que la moyenne canadienne (73 %) ou celle de la plupart des autres pays (84 à 100 %), et ça ne nous dit pas si les informations suivent le patient. Mais c'est tout de même trois fois plus qu'il y a six ans.

Mieux qu'hier, moins que demain ? Tout progrès est bienvenu, mais dans la situation actuelle, il en faudra beaucoup avant que le Québec ne brille dans ce genre de sondage.

* Allemagne, Australie, États-Unis, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse.

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