Une minorité de patients consomme une grande partie des services de santé. Ce phénomène connu dans le milieu médical vient encore une fois d'être confirmé par une étude ontarienne. Nos systèmes publics commencent à en tenir compte, mais il reste encore beaucoup de travail à faire.

Les chercheurs québécois pourront-ils un jour utiliser les données de la Régie de l'assurance maladie (RAMQ) pour faire une étude aussi poussée ? On le souhaite vivement. Cela dit, ils trouveraient sans doute des tendances très similaires. « La concentration de l'utilisation des soins de santé est bien établie », rappelle l'étude publiée lundi dans le journal de l'Association médicale canadienne en citant des recherches canadiennes et américaines.

Peut-on intervenir auprès de ces grands utilisateurs afin d'en réduire la pression sur le système de santé ? Ce n'est pas toujours évident. Dans le groupe des moins de 18 ans, par exemple, les naissances prématurées représentent une source de coûts importante, et difficilement compressible.

Par contre, les personnes qui ont plusieurs maladies chroniques et doivent prendre de nombreux médicaments présentent à la fois un défi et une occasion. Mal suivis, ils aboutissent à répétition aux urgences ou dans un lit d'hôpital. En s'occupant mieux de leur cas, on peut faire d'une pierre deux coups : réduire la fréquence de ces épisodes malheureux pour les patients, et les coûts pour le système.

L'Ontario a pris le taureau par les cornes il y a quelques années avec son modèle de « maillon santé », qui vise à mieux coordonner les soins et services offerts aux patients ayant des problèmes complexes, notamment les personnes âgées.

Au Québec, les initiatives sont plutôt venues des administrations locales ou régionales, soutenues par le ministère de la Santé. L'idée est d'identifier les grands utilisateurs de soins et de leur fournir un gestionnaire de cas, afin d'assurer une prise en charge plus cohérente et plus efficace à tous égards, y compris par le pharmacien et par le patient lui-même.

Plusieurs régions, dont la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, ont ainsi enregistré des progrès mesurables chez les grands utilisateurs - une diminution des séjours sur civière aux urgences, du nombre et de la durée des hospitalisations, ou du nombre de tests de laboratoire et d'imagerie médicale, par exemple.

Quelle proportion des utilisateurs à coûts élevés est ainsi traitée de façon optimale au Québec ? Personne n'est en mesure de le dire, mais il est évident qu'il reste beaucoup à faire.

On n'a qu'à penser aux patients qui n'ont pas de médecin de famille, ou dont les maladies chroniques s'accompagnent de problèmes de santé mentale. Aux retards accumulés dans l'informatisation et le partage des renseignements médicaux. Et au manque d'équipes réellement interdisciplinaires dans les services de première ligne.

Il faut s'y atteler, car avec le vieillissement de la population et l'allongement de la durée de vie, les patients qui cumulent les problèmes de santé et les médicaments seront de plus en plus nombreux.

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