Le gouvernement Trudeau semble déterminé à tenir ses promesses en matière d'aide aux réfugiés. Outre l'accueil de 25 000 Syriens, le Programme fédéral de santé intérimaire destiné aux réfugiés et aux demandeurs d'asile sera entièrement rétabli dans les prochains mois, a promis le ministre de l'Immigration. Le signal est encourageant, mais Ottawa ne devrait pas attendre aussi longtemps pour restaurer cette couverture de soins trouée.

Jusqu'en juin 2012, tous les réfugiés et demandeurs d'asile admissibles avaient droit aux mêmes services par l'entremise du Programme fédéral de santé intérimaire (PSFI).

Sous prétexte de faire des économies et de décourager les demandes d'asile « bidon », Ottawa a créé quatre paniers de services modulés en fonction du statut des personnes. Environ 85 % se sont retrouvés avec une couverture rétrécie. Un travailleur colombien a failli perdre un oeil faute d'argent pour payer le chirurgien. Un autre, originaire de l'Afghanistan, a été privé des médicaments et du suivi indispensables pour contrôler son diabète de type 1. 

Un Sri Lankais de 76 ans souffrant de plusieurs maladies chroniques et incapable de rembourser ses visites à l'urgence a été harcelé par une agence de recouvrement.

Ces modifications ont eu « des conséquences "cruelles et inusitées" pour les personnes touchées », a reconnu la Cour fédérale en juillet 2014. Non seulement les dizaines de millions de dollars d'économies annoncées n'ont pas été démontrées, mais l'argument des demandes « bidons » ne tient pas la route, a souligné la juge Mactavish dans un jugement lapidaire.

La situation a été un peu moins pénible ici parce que le Québec a été la première province à prendre le relai pour les demandeurs d'asile - une facture de plus de 14 millions de dollars depuis le 30 juin 2012. Les coupes publicisées par le gouvernement fédéral ont néanmoins créé beaucoup de confusion. Des malades se sont vu réclamer des sommes importantes pour des soins, certains ont dû s'en passer.

En novembre 2014, Ottawa a amélioré la couverture d'une partie de la clientèle pour se conformer au jugement de la Cour fédérale. Toutefois, cette mesure a encore le caractère temporaire que lui avait donné le gouvernement Harper.

Et ici comme dans le reste du pays, les réfugiés parrainés par le secteur privé (par un organisme caritatif ou un groupe) n'ont toujours pas accès aux médicaments, ni aux services dits supplémentaires (soins dentaires de base, lunettes, psychothérapie, etc.)

On ne parle pas de prestations « plaquées or », comme l'a prétendu un porte-parole de l'ex-ministre de l'Immigration Jason Kenney, mais d'une couverture comparable à celle de l'aide sociale. Pour des réfugiés qui ont tout perdu dans des circonstances traumatisantes, ce n'est pas du luxe.

Il est urgent de rétablir le PSFI d'avant 2012. Et de le faire savoir largement, afin que les prestataires de soins acceptent cette clientèle et puissent se faire rembourser facilement.

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