Québec et le secteur touristique viennent de franchir un grand pas en acceptant de mettre leurs ressources en commun pour améliorer la promotion du Québec à l'étranger. Cette force de frappe sera concentrée dans une nouvelle entité sans but lucratif dotée d'un budget annuel d'une trentaine de millions. Beaucoup de points restent toutefois à préciser. Le contrat que Québec passera avec cet organisme doit prévoir des balises et des objectifs clairs, et des mesures concrètes si ceux-ci ne sont pas atteints.

Après des années de tractations, le gouvernement et les très nombreux acteurs du secteur touristique sont enfin tombés d'accord sur les moyens à prendre pour attirer davantage de visiteurs de l'extérieur. Les ressources consacrées à la promotion et à la commercialisation seront regroupées dans une « Alliance de l'industrie », a annoncé la ministre Dominique Vien mardi. Ce modèle inspiré de l'Ontario et de la Colombie-Britannique permettra de gagner en flexibilité et d'éliminer les dédoublements - donnant, on l'espère, de meilleurs résultats.

Le potentiel est là, puisque le tourisme est en croissance dans le monde. Et plus les visiteurs viennent de loin, plus ils sont payants. Un Américain dépense en moyenne 600 $ par séjour. Un touriste d'un autre pays, presque 1100 $. Hélas, à peine 4 % de nos visiteurs viennent de l'étranger. Même si l'on ajoute ceux du reste du Canada (326 $ par séjour), on dépasse à peine les 10 %. Il faut faire mieux.

Nous ne sommes cependant pas les seuls à convoiter les retombées économiques du tourisme. La concurrence entre les destinations est de plus en plus vive. 

Le Québec ne manque pas d'attraits, encore faut-il les faire connaître.

Bonne nouvelle, la nouvelle entité aura plus de moyens pour faire du développement à l'extérieur de la province. Mauvaise nouvelle : une bonne partie de la note sera refilée aux Québécois qui encouragent le tourisme local.

Sur 17 millions d'argent frais, 7 millions viendraient du secteur privé et 10 millions du rehaussement de la taxe sur l'hébergement. Celle-ci passerait à 3,5 % sur chaque nuitée, augmentant ainsi dans toutes les régions, sauf Montréal. Le hic, c'est que 62 % de ces nuitées sont vendues à des touristes... québécois. Ils seront donc mis à contribution, et trois fois plutôt qu'une : cette taxe étant elle-même taxable, sa hausse fera augmenter la TPS et la TVQ facturées.

Le premier ministre est d'accord, mais ça ne change rien aux faits : cette « harmonisation » infligera une hausse de taxe à bien des Québécois. Raison de plus, s'il en faut, pour s'assurer que la gestion du nouvel organisme soit irréprochable. La ministre promet un protocole d'entente très rigoureux avec reddition de comptes annuelle. Il faudra y voir.

Avec les 13 millions transférés du budget du ministère, l'Alliance disposera d'un budget presque aussi important que Tourisme Montréal. Assurons-nous qu'elle ne se livre pas à des dérapages comme ceux qu'avait dénoncé le Vérificateur général il y a deux ans.

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