Le coût d'une naissance par fécondation in vitro (FIV) augmente de façon prohibitive après 40 ans, montrent les chiffres dévoilés cette semaine par des chercheurs montréalais. Une autre preuve, s'il en fallait, que Québec aurait dû mieux planifier son programme de procréation assistée avant de le lancer.

Le constat était prévisible. On sait depuis longtemps que la fertilité des femmes diminue à partir de 35 ans, et encore plus dans la quarantaine. On pouvait donc s'attendre à ce que la FIV soit moins fructueuse chez les quadragénaires qui utilisent leurs propres ovules. Les coûts engendrés par ce phénomène n'en sont pas moins impressionnants. Comme il faut plus de tentatives pour aboutir à une naissance, le coût moyen de chacune de ces naissances grimpe en flèche, montrent les données présentées hier au congrès de l'American Society for Reproductive Medicine.

La recherche porte sur les cycles de FIV amorcés entre août 2010 (le début du programme gouvernemental) et décembre 2012. Pour les femmes de 40 ans, le régime public a remboursé plus de 43 000 $ de traitements en moyenne pour chaque naissance. C'est plus du double de la facture des moins de 35 ans (18 000 $)... et moins de la moitié de la somme requise pour les femmes de 43 ans (104 000 $). Même ceux qui considèrent le financement public de la FIV comme un investissement doivent le reconnaître : le rapport coût-bébé devient drôlement moins avantageux à partir d'un certain âge.

Il était difficile de prédire les montants exacts, mais on aurait pu faire des estimations et en tenir compte avant de lancer le programme.

Hélas, les élus étaient beaucoup plus intéressés à l'annoncer qu'à en maximiser les résultats. C'est d'autant plus malheureux que sa conception pourrait bien avoir contribué à gonfler la facture.

En effet, le régime public couvrait jusqu'à trois transplantations d'embryon. Sauf que les femmes dans la quarantaine ont souvent une faible réserve ovarienne. Il faut reprendre le cycle plusieurs fois avant de pouvoir transférer un embryon, explique le Dr Neal Mahutte, directeur médical du Centre de fertilité de Montréal et coauteur de la recherche. La note grimpe alors que les chances s'amenuisent d'année en année. Avant 35 ans, près d'un cycle sur trois a été couronné de succès. À 40 ans, on tombe à un sur 10. À 43 ans ? Un sur 25.

Les chercheurs y voient une mise en garde aux gouvernements qui voudraient créer un programme public de FIV sans limite d'âge. Espérons que le Québec saura lui-même tirer les leçons de sa propre expérience.

La plupart des pays qui couvrent la FIV imposent des balises (âge, statut conjugal, enfants existants, etc.). Le gouvernement ayant refusé de le faire, les coûts sont devenus insoutenables. L'adoption du projet de loi 20 sonnera le glas d'un programme qui, s'il avait été mieux ciblé, aurait peut-être pu être maintenu pour les patients à qui il était le plus susceptible de profiter.

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