Les données économiques ne sont pas les seules à considérer, mais ce sont des indicateurs précieux dont il faut tenir compte. L'étude dévoilée cette semaine par le ministre québécois de l'Environnement est riche d'enseignements à cet égard.

« Il est généralement plus avantageux de recueillir un contenant via la collecte sélective que de le jeter, et de le jeter plutôt que de le recycler via la consigne », note le rapport commandé au professeur Patrick Gonzalez, du département d'économique de l'Université Laval.

Le chercheur et son équipe le reconnaissent, ce calcul peut sembler choquant. Il ne s'agit pas de l'appliquer à la lettre (ils ne le recommandent aucunement), mais de s'en servir pour alimenter la réflexion.

Éliminer la consigne sur les canettes et les bouteilles de plastique, par exemple, générerait une économie nette de près de 27 millions de dollars par an. Le faire pour les canettes de bière serait cependant une très mauvaise idée, car leur prix, ainsi réduit, les rendrait plus attrayantes que les bouteilles de bière.

Or, les bouteilles des grands brasseurs sont les seuls contenants réutilisés, entre 15 à 18 fois. S'il y a un système à protéger, c'est bien celui-là.

Se limiter aux boissons gazeuses permettrait tout de même d'économiser 15 millions par an, en plus de faire beaucoup d'heureux. Épiceries et dépanneurs rêvent d'être débarrassés de ces contenants, et les centres de tri de les avoir - surtout l'aluminium, très lucratif à la revente. Le hic, c'est qu'il s'en perdrait beaucoup en chemin. Déjà, les trois quarts des canettes qui ne sont pas retournées en magasin sont jetées à la poubelle ou dans la nature. Sans consigne, le volume gaspillé serait encore plus important, puisque ceux qui consomment ces boissons hors de chez eux n'auraient plus d'incitatif à ramener les contenants.

Pour les bouteilles de vin et de spiritueux, par contre, la logique économique favorise la consigne. Une bonne nouvelle pour tous ceux, dont nous sommes, qui dénoncent l'absurdité du système actuel. En mélangeant les couleurs, on empêche la vente et la refonte du verre le mieux coté, et on condamne une grande partie de la matière aux dépotoirs. L'avantage de la consigne a toutefois été calculé avec les coûts de manutention en vigueur dans l'Ouest du pays. Peut-on faire aussi bien, ou mieux, ici ? Il faut s'en assurer, car nous n'avons pas besoin d'un autre éléphant blanc.

Ce sera fait, promet le ministre Heurtel, qui envisage aussi une consigne sur les bouteilles d'eau en plastique. Encore là, on demande à voir.

Les chiffres montrent aussi que la plupart des consommateurs qui ne ramènent pas leurs contenants ne le feraient pas davantage si on doublait le montant de la consigne. Une telle mesure aurait donc peu d'effet sur la récupération. Elle permettrait seulement de récolter plus d'argent avec les consignes non réclamées. Si c'est l'effet recherché, il faudra avoir la franchise de le dire.

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