Quelle direction prendra le titre du géant de la vente en ligne Amazon cette semaine ? C'est ce qu'on se demande après son bond spectaculaire de presque 10 % (47,24 $) vendredi au NASDAQ. Le fondateur Jeff Bezos a une fois de plus démontré qu'au-delà de ses qualités de visionnaire du commerce internet, il excelle dans le marketing de sa propre entreprise.

Amazon a fêté son 20e anniversaire ce mois-ci. Pour marquer le coup, elle a organisé un grand solde d'un jour réservé aux membres de son service Amazon Prime. Bien plus que cette première, toutefois, ce sont les résultats du trimestre terminé le 30 juin qui ont incité les investisseurs à sortir les confettis et les trompettes. Alors que les analystes s'attendaient à une perte d'environ 13 à 14 cents par action, Amazon a annoncé jeudi un bénéfice net de 19 cents.

Qu'une société cotée en Bourse depuis plus de 18 ans cause un tel émoi en réalisant un profit trimestriel plutôt qu'une perte donne une idée de l'emprise qu'elle exerce sur l'imaginaire des marchés. Le lendemain, la capitalisation boursière d'Amazon avait dépassé celle de Walmart.

Qu'importe si ce bénéfice de 92 millions de dollars ne représente même pas 1 % des ventes. Ou si comme l'a calculé un journaliste du New York Times, Walmart a fait plus de profit à son dernier trimestre qu'Amazon dans toute son existence.

L'évènement a enflammé les esprits, même si sa portée est essentiellement symbolique. Il est évident que dans le secteur du détail, le potentiel de croissance est plus grand du côté d'internet que des magasins ayant pignon sur rue, et qu'Amazon est mieux placée pour en profiter, mais la partie n'est pas gagnée d'avance.

D'ailleurs, c'est la performance d'une autre activité, les services d'infonuagique (AWS), qui est la plus remarquable dans les résultats d'Amazon. Les ventes de cette division ont bondi de 81 % par rapport au même trimestre l'an dernier.

Non seulement l'entreprise a surpassé les attentes, mais elle rappelle qu'elle est beaucoup plus qu'un magasin général du XXIe siècle.

Et surtout, elle fait la démonstration que la priorité donnée au développement à long terme plutôt qu'aux résultats immédiats, pour laquelle elle a souvent été critiquée, finit par rapporter.

Cela dit, les investisseurs ne devraient rien tenir pour acquis. Si les résultats d'exploitation du prochain trimestre atteignent les cibles annoncées par la société jeudi, ils se situeront quelque part entre un profit de 70 millions... et une perte de 480 millions.

On verra si les investisseurs redescendront un peu de leur nuage cette semaine. Cependant, il existe bel et bien une « prime Amazon », fondée sur l'idée qu'en se bâtissant une avance insurmontable, l'entreprise finira par passer à la caisse. Tant que la direction sera capable d'entretenir cet espoir, son titre en bénéficiera.

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