Les membres de l'eurozone doivent se réunir de nouveau aujourd'hui pour tenter de trouver une solution à l'impasse. Un compromis demeure possible, mais quoi qu'il advienne, la Grèce a encore des années difficiles devant elle.

La rupture est toujours évitable, mais on n'en a jamais été aussi près. Plus le temps passe, plus des Européens se font à l'idée que la Grèce pourrait quitter le bateau. Le Non retentissant au référendum, loin de donner au premier ministre le pouvoir de négociation escompté, n'a fait que braquer ses interlocuteurs les plus réticents, Allemagne en tête. Alexis Tsipras a beau avoir multiplié les déclarations en faveur de l'Europe, remplacé son ministre des Finances et promis d'arriver avec de nouvelles propositions aujourd'hui, il ne sera pas facile de trouver un terrain d'entente.

La Banque centrale européenne a confirmé hier soir le maintien de ses prêts d'urgence au niveau actuel. Le risque que les banques grecques manquent de liquidités d'ici quelques jours est donc encore bien présent. Cette perspective ajoute une pression supplémentaire sur la population, mais présumer de son impact serait pour le moins hasardeux. Le Non a montré qu'il faut plus qu'un plafonnement des retraits et des guichets automatiques vides pour faire rentrer dans le rang cette population éprouvée par des années de pénibilité économique. Malheureusement, le rejet du dernier plan d'austérité n'a absolument rien réglé, hormis le sort du plan en question. Et les avenues qui s'offrent maintenant à la Grèce ne s'annoncent guère plus faciles.

Une sortie de la zone euro provoquerait encore plus d'instabilité sans grande contrepartie à court et à moyen terme.

La dévaluation qui suivrait un retour à une monnaie nationale ne pourrait pas faire de miracles pour un pays qui exporte si peu.

Un nouveau plan de sauvetage permettant un maintien dans la zone euro, quoique préférable, ne fera pas de miracles non plus. Même adoucies, même étalées, les conditions d'un tel plan ne pourront, à elles seules, développer l'économie du pays - et encore moins le doter d'une fiscalité efficiente.

La balle est dans le camp du gouvernement Tsipras, ont indiqué le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel après leur rencontre hier soir. Il doit amener des propositions « sérieuses, crédibles » et « précises », ont-ils souligné.

Au-delà de ces belles qualités, ledit plan devra permettre à tous ces élus de sauver la face devant leur électorat respectif. Le gouvernement grec doit pouvoir donner l'impression d'avoir gagné quelque chose au change, le reste de la zone euro de ne pas avoir trop cédé.

L'issue dépendra, comme toujours, de ce que chacun veut et est prêt à accepter. La majorité grecque a exprimé ce qu'elle ne veut pas et n'accepte plus. On saura bientôt à quel point les autres veulent garder la Grèce dans leurs rangs, et ce qu'ils sont prêts à accepter pour y parvenir.

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