L'Organisation mondiale de la santé a mis trop de temps à réagir à l'épidémie d'Ebola, admet aujourd'hui sa directrice générale. C'est un euphémisme. L'institution a complètement failli au rôle de premier répondant qu'on attend d'elle. Des réformes majeures s'imposent. Les pays membres auront-ils le courage d'y donner suite?

La pire flambée d'Ebola jamais recensée a tué près de 9000 personnes, dont un demi-millier de travailleurs de la santé. Combien de ces morts auraient pu être évitées? Personne n'ose s'avancer, mais il est évident que si la propagation avait été enrayée plus tôt, le virus n'aurait pas fait autant de ravages.

On se serait attendu à ce que l'OMS prenne ce genre de situation en main. Il aura fallu qu'une organisation non gouvernementale active sur le terrain (Médecins sans frontières) brasse la cage, et que des hôpitaux occidentaux se trouvent eux-mêmes pris avec des cas pour que les choses bougent enfin.

Confrontée à l'épreuve de l'Ebola, l'OMS a échoué au test. Il ne suffit pas d'avoir finalement réussi à freiner la contagion. La réponse est arrivée bien trop tard.

Il est tentant de rejeter tout le blâme sur la culture bureaucratique de cette agence de l'ONU. C'est oublier que la bureaucratie est une raideur qui s'installe dans les organisations privées de marge de manoeuvre. L'OMS a beau avoir près de 4 milliards de dollars américains de budget, la majeure partie est réservée à des programmes prédéterminés. D'où l'intérêt d'un fonds spécial pour les situations d'urgence.

L'idée mise de l'avant après la pandémie de A (H1N1) ne s'est jamais matérialisée - ce qui est un peu compréhensible après cette grippe aux allures de pétard mouillé. La propagation de l'Ebola a cependant montré l'importance d'avoir les moyens d'intervenir rapidement. Il faudra voir si la résolution adoptée par le conseil exécutif de l'OMS dimanche sera dotée de ressources concrètes.

Beaucoup d'autres changements seront nécessaires pour que l'organisation joue le rôle qu'on attend d'elle en période de crise. Sa force de frappe est tributaire de ses compétences. Or, le fait que le personnel des bureaux régionaux puisse être nommé pour des raisons ayant peu à voir avec leurs compétences ne contribue certainement pas à son efficacité sur le terrain. Les pays ayant des spécialistes désireux de prêter main-forte doivent aussi faciliter leur collaboration et s'abstenir de leur mettre des bâtons dans les roues, comme cela s'est malheureusement produit avec des travailleurs de la santé durant l'épidémie l'Ebola.

L'OMS n'est pas la seule à avoir perdu des points dans cette histoire. Les pays et les organisations qui en avaient les moyens ont presque tous tardé à réagir. Il faut tirer les leçons de cette épidémie, car, tôt ou tard, nos capacités de réponse seront de nouveau mises à l'épreuve. Et si ce test-là est plus dur que l'Ebola, nous aurons vraiment des problèmes.

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