Se fier aux chaînes de restaurants pour réduire la teneur en sel des aliments donne peu de résultats, confirme une vaste étude publiée cette semaine. Santé Canada doit s'en mêler.

Les chercheurs ont comparé quelque 2200 plats au menu en 2010 et 2013. Dans plus de la moitié des cas, la teneur en sodium n'avait pas diminué - elle avait même augmenté dans 16 % des aliments. Bref, moins du tiers des mets (30,1 %) sont moins salés qu'avant.

C'est dommage, parce que 85 % des hommes et plus de 60 % des femmes consomment davantage de sodium que l'apport maximal recommandé, soit 2300 mg par jour. (Il s'agit vraiment de la limite supérieure puisque dans les faits, 1500 mg par jour suffisent.) Or, la surconsommation de sodium peut causer de l'hypertension, qui est le principal facteur de risque de décès évitable dans le monde. Si les Canadiens s'en tenaient aux quantités recommandées, la prévalence des maladies cardiovasculaires diminuerait de 13 % et l'hypertension de 30 %, ont calculé des chercheurs.

Sauf qu'il ne suffit pas de se tenir loin de la salière. Le consommateur moyen tire les trois quarts de son sodium des aliments transformés ou préparés au restaurant. Si l'on veut améliorer le bilan, il faut agir sur ces fronts.

Santé Canada a émis des recommandations pour des dizaines de catégories d'aliments transformés. Ces cibles, bien que non contraignantes, ont été établies avec l'industrie et sont mesurables. La plupart des seuils visés pour la fin de 2016 représentent une diminution de 25 à 30 % par rapport aux taux de 2010.

Aucun objectif n'a cependant été donné à la restauration. On voit le résultat. Si la quantité moyenne de sel par portion a légèrement diminué depuis 2010, les mets qui dépassent l'apport suffisant (1500 mg) et le maximum recommandé (2300mg) sont toujours aussi nombreux, montre l'étude de l'Université de Toronto.

Il ne s'agit pas de se mettre le nez dans les recettes de chaque chef. Par contre, les aliments standardisés offerts dans des dizaines de restaurants d'une même chaîne mériteraient qu'on s'y intéresse.

Une telle démarche les inciterait à publier leurs valeurs nutritionnelles, ce qui serait déjà un progrès. Sur 172 chaînes comptant au moins 20 établissements au Canada, près de 80 ont été exclues de l'étude parce que cette information ne figurait pas sur leur site internet. Elle mettrait aussi les entreprises sur un pied d'égalité. Une chaîne qui modifie ses recettes s'expose aux critiques de la clientèle. Par contre, si toutes les concurrentes évoluent dans la même direction, la saveur moins salée deviendra la norme.

Diminuer la consommation de sel dans l'ensemble d'une population n'est pas une mince tâche. Santé Canada doit mettre les chaînes à contribution en leur donnant des cibles claires. Même si ces cibles ne sont pas contraignantes, elles interpelleront les entreprises et, souhaitons-le, les convaincront de faire de meilleurs choix.

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