Qu'ont en commun la CSN, l'Institut économique de Montréal, les restos Taco Bell et le manufacturier Electrolux ? Tous ont lancé des documentaires récemment. Des films que vous ne verrez pas aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) qui s'amorcent aujourd'hui, mais qui montrent à quel point cette forme d'expression gagne en popularité.

L'engouement du public est palpable. Près de 70 % des répondants à une vaste enquête pancanadienne réalisée au printemps disent regarder plus de documentaires qu'il y a trois ans. Et plus de la moitié de ces amateurs indiquent qu'ils en verraient encore davantage s'il y en avait à l'affiche près de chez eux.

Que des géants comme Electrolux et Taco Bell financent des documentaires qui ne parlent pas de leur marchandise (le premier traite des textiles du futur, le second de créateurs de vidéos pour YouTube), simplement pour se rapprocher du public, en dit long sur l'attrait du format. Que des groupes d'intérêt comme le Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ (CSN) et l'IEDM choisissent, entre tous les moyens de communication possible, de produire des documentaires sur la vente d'alcool en Alberta ou l'attente en santé, n'est pas fortuit non plus.

Qu'il soit long ou court, très artistique dans sa forme ou très revendicateur dans son propos, le documentaire a une façon unique et fort séduisante de créer du sens et de rapprocher le spectateur d'une réalité. Les films de commande évoluent toutefois dans un univers à part, à l'abri des soucis de financement et de diffusion.

Les oeuvres comme celles programmées aux RIDM ont un parcours autrement plus difficile. En particulier au Canada. Après avoir progressé au début des années 2000, le nombre d'heures et les budgets consacrés à la production de documentaire ont chuté de façon dramatique au pays.

Le contexte actuel, marqué par les restrictions budgétaires des gouvernements et les difficultés financières des grands réseaux de télévision, n'est pas propice à réclamer plus de financement. Par contre, il y a certainement moyen de mieux diffuser ce qui se fait déjà. Au moins 60 % des répondants au sondage cité plus haut disent qu'il est important pour eux d'avoir accès aux documentaires canadiens, mais seulement 7 % les trouvent facilement.

Ce problème d'accès ne concerne pas seulement la production locale. Oui, l'internet permet de voir beaucoup de documentaires - gratuitement sur des plateformes comme YouTube et Vimeo, ou moyennant paiement à des services comme Netflix et iTunes. Mais pour beaucoup de gens, c'est un pis-aller. Plus de 60 % des répondants disent regarder des films en ligne parce que ceux-ci ne sont pas disponibles autrement.

Tout indique qu'il y a non seulement un grand intérêt pour le documentaire, mais une importante demande non comblée. Au-delà des festivals qui nous en mettent plein la vue durant quelques semaines, il faudrait pouvoir y avoir accès toute l'année.

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