La saison de la cour assidue et des mariages de raison est de retour chez les grandes entreprises. Il faudra voir si on a tiré les leçons des vagues de fusions et acquisitions précédentes.

L'abandon de l'offre d'achat de la société pharmaceutique Pfizer sur AstraZeneca lundi, tout comme l'échec de la fusion des groupes publicitaires Publicis et Omnicom au début du mois, ont fait l'impression de pétards mouillés. Pourtant, une transaction sans lendemain vaudra toujours mieux qu'un regroupement bancal.

La profondeur des divergences entre les directions de Publicis et d'Omnicom, qui n'arrivaient même pas à s'entendre sur le choix du VP finances de la future entité, n'augurait rien de bon pour l'avenir.

Dans le cas Pfizer-AstraZeneca, on ne s'est même pas rendu jusqu'aux fiançailles, le conseil d'administration de la seconde ayant rejeté l'offre de la première. Il n'est pas exclu que Pfizer revienne à la charge, mais il lui faudra mieux préparer le terrain, car ses avances ont suscité de vives inquiétudes au Royaume-Uni.

Ce genre de réactions est toujours possible lorsqu'un fleuron local menace de passer entre des mains étrangères. On le voit au Québec chaque fois qu'un siège social risque de disparaître. Le réflexe se manifestera désormais plus fréquemment un peu partout, le nombre restreint de grandes sociétés dans chaque domaine rendant celles-ci plus précieuses aux yeux des intérêts locaux.

Les entreprises qui convoitent leur prochain devront en tenir compte, mais il ne faut pas s'attendre à des miracles non plus. Des activités et des emplois continueront à être sacrifiés sur l'autel des synergies. Et la réunion de deux entreprises du même secteur dans un marché aura forcément un effet sur l'offre - témoin la levée de boucliers contre l'achat de Time Warner Cable par Comcast aux États-Unis.

Les vagues de fusions et acquisitions des dernières décennies nous ont appris que la création de valeur n'est pas toujours au rendez-vous, et que l'enthousiasme entourant de telles transactions est souvent de courte durée. D'où la nécessité pour les conseils d'administration et les actionnaires de bien faire leurs devoirs, et de s'interroger sur le mérite réel de ce qui leur est proposé.

Ils seront souvent confrontés à de tels questionnements en 2014, car on assiste à une nette reprise des fusions et acquisitions. Au début du mois, on en avait déjà annoncé pour plus de 630 milliards de dollars aux États-Unis, du jamais vu en près de 20 ans. La frénésie se fait sentir dans plusieurs régions du monde, y compris dans les marchés émergents.

Tout ce butinage est quand même de bon augure. Après des années à se constituer des réserves en cas de coup dur, les entreprises sont désormais assez optimistes pour miser sur la croissance. Un optimisme prudent, toutefois, puisqu'on préfère acheter des entreprises et des activités bien établies que de prendre le risque d'investir dans le développement à l'interne.

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