La consommation d'aliments prêts à manger bat des records au détriment des ingrédients servant à cuisiner et des aliments peu ou pas transformés, confirme une étude publiée récemment dans la Revue canadienne de la pratique et de la recherche en diététique. Une tendance qui risque d'influencer la prise de poids et la qualité de l'alimentation.

« Des études au Brésil et au Canada ont montré que les produits transformés et ultratransformés ont une plus forte teneur énergétique, contiennent davantage de sucres libres, de sodium et de gras saturés, et moins de fibres », soulignent les auteurs affiliés à l'Université de Montréal et à celle de São Paulo.

Les données proviennent de six grandes enquêtes de Statistique Canada sur le contenu du panier d'épicerie des ménages canadiens entre 1938 et 2011. Les achats ont été classés en trois catégories. D'abord, les aliments non transformés ou minimalement transformés (fruits et légumes, viande, lait, etc.). Ensuite, les ingrédients culinaires transformés (huile, beurre, sucre, farine, etc.). Et finalement, les produits prêts à consommer transformés (conserves, viandes fumées, etc.) ou ultratransformés (pain, frites, biscuits, boissons gazeuses, plats cuisinés, etc.)

Les chercheurs ont ensuite mesuré l'importance de chaque groupe dans la facture d'épicerie et l'apport calorique de la maisonnée. La métamorphose est frappante.

Les produits transformés et ultratransformés, qui représentaient seulement 37 % des dépenses d'épicerie en 1953, en accaparent désormais plus de la moitié (54 % en 2011). Les ingrédients à cuisiner ont connu un sort inverse, passant de 53 % à 41 %.

Le changement est encore plus marqué du point de vue calorique. En une soixantaine d'années, de 1938-1939 à 2001, le poids des aliments transformés et ultratransformés a plus que doublé. Ils fournissent désormais plus de 60 % de l'apport énergétique des ménages. Et c'est essentiellement à cause des aliments ultratransformés, incluant les repas prêts à manger, dont la part est passée de 24 % à 55 %. Les denrées issues d'une transformation moins poussée, comme les conserves ou la charcuterie, elles, ont plafonné au début des années 50 et ne fournissent toujours que 7 % des calories.

Cette perte d'intérêt pour les ingrédients bruts, que l'on doit manger nature ou cuisiner, s'est accompagnée d'une forte progression de l'obésité. Le phénomène est aujourd'hui presque trois fois plus répandu qu'au début des années 70. On ne peut évidemment pas établir de relation de cause à effet, d'autant que cette période a été aussi marquée par une montée du travail et des loisirs sédentaires. Mais, il est important d'être conscient de cette nouvelle dynamique.

Les consommateurs qui ont peu de temps ou de goût pour la cuisine, et qui comptent sur le prêt à manger pour se simplifier la vie, devraient au moins s'intéresser aux étiquettes. Ils pourraient ainsi écarter les préparations trop salées, sucrées ou grasses, ou qui offrent une piètre valeur nutritionnelle.

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