Au moment où vous lisez ces lignes, vous devriez pouvoir vous adresser à un pharmacien pour obtenir, renouveler ou rajuster des ordonnances. Hélas, la loi donnant accès à ces services n'est toujours pas en vigueur plus de deux ans après son adoption. Le nouveau gouvernement doit s'en occuper rapidement.

Le plus difficile avait pourtant été fait. Les ordres professionnels avaient réussi à s'entendre pour que les pharmaciens puissent poser des actes auparavant réservés aux médecins. Ils pourront rajuster des ordonnances et, dans certains cas, les prolonger jusqu'à 12 mois. Prescrire des traitements pour des problèmes ne nécessitant pas de diagnostic, comme les poux de tête ou la nausée chez la femme enceinte. Et prescrire des médicaments pour soulager une douzaine de conditions mineures (herpès labial, hémorroïdes, infection urinaire, etc.) quand le patient a déjà reçu un diagnostic et une ordonnance d'un médecin dans les années ou les mois précédents.

Pour une fois, on a pensé aux malades incapables de voir un médecin rapidement. Puis on les a laissé tomber. La loi qui devait entrer en vigueur en septembre dernier est toujours au point mort.

Qu'est-ce qui achoppe? Le financement public. C'est l'éléphant dont personne ne voulait parler lorsque Québec a annoncé l'entente en grande pompe. Résultat? Il est toujours dans la pièce, en plein devant le cadre de la porte, empêchant les patients d'entrer.

L'équation, pourtant, était limpide. Il était évident que les pharmaciens exigeraient d'être payés pour ces nouveaux actes. Et que cet accès élargi n'entraînerait pas un simple transfert de patients des médecins aux pharmaciens, mais augmenterait le nombre total de consultations. Bref, qu'il y aurait des coûts supplémentaires pour l'État.

Le ministre de la Santé d'alors, Réjean Hébert, a essayé de s'en sortir en couvrant seulement 40% des Québécois, ceux qui bénéficient du régime d'assurance médicaments public. Un modèle injuste que nous avions vivement dénoncé. Son successeur devra l'envoyer à la déchiqueteuse.

L'administration précédente ayant promis un «meilleur accès aux soins de santé de première ligne», la population s'attendait à ce que cet accès soit universel et que les consultations couvertes par le régime public chez le médecin le soient également chez le pharmacien. Le nouveau gouvernement devrait commencer par agir avant de promettre.

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Le Parti libéral s'est engagé durant la campagne à conclure une entente avec les pharmaciens pour que la loi puisse entrer en vigueur. C'est la priorité: qu'on permette enfin aux pharmaciens d'offrir ces nouveaux actes et permettre aux malades d'y avoir accès moyennant paiement. Il sera toujours temps ensuite de déterminer lesquels il serait pertinent de couvrir avec le régime public et de voir si les propriétaires de pharmacies sont prêts à consentir un tarif raisonnable. Bref, sortez-nous cet éléphant de la pièce et allez négocier ailleurs.

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