L'endettement des ménages atteint des sommets, et ceux-ci ne semblent pas pressés de le réduire. Il faut dire que les hausses de taux d'intérêt dont on les menace depuis des années tardent à se matérialiser: difficile de ressentir un sentiment d'urgence quand le service de la dette est sous contrôle. Leur situation financière jette tout de même une douche froide sur la consommation.

« La contribution des ménages a essentiellement fait son temps; si l'on sollicite encore plus ce secteur, on risque de créer des problèmes», rappelait le sous-gouverneur de la Banque du Canada, John Murray, au début du mois.

Les dépenses de consommation des ménages assurent désormais 70% du produit intérieur brut (PIB). Cette «contribution» n'a cessé d'augmenter depuis le début des années 2000, malgré la crise et la stagnation des revenus après impôt. Résultat: L'endettement atteint aujourd'hui 164% du revenu disponible.

Oui, cet endettement est contrebalancé par des avoirs qui se sont appréciés, de sorte que la valeur nette médiane des familles a beaucoup augmenté. Sauf que plus de la moitié de cette valeur nette repose sur de l'immobilier, un marché qui est en train de se calmer.

Bref, la capacité de dépenser commence à plafonner. La guerre des prix à laquelle se livrent les supermarchés a permis aux consommateurs de ne pas trop en souffrir jusqu'ici, mais elle ne sera pas éternelle. Déjà, de grandes marques se rebiffent et refusent qu'on dévalue leurs produits, rapporte le Globe and Mail. Sans oublier le huard, dont la perte d'altitude fera monter les prix de certains articles.

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Les administrations publiques, pendant ce temps, pigent toujours plus dans les poches des particuliers - augmentant les taxes municipales et divers tarifs, entre autres. Il ne faut donc pas s'étonner que ceux-ci ripostent et développent de nouvelles façons de fonctionner.

Les achats en ligne sont de plus en plus populaires, dans le neuf comme dans l'usagé. Et les voyages en auto de plus de 24 heures aux États-Unis ont presque doublé depuis qu'Ottawa a augmenté les exemptions de douane. Sans oublier les services de voitures, et d'autres biens, à temps partagé. Ces stratégies ne représentent encore qu'une mince part de la consommation totale. Mais c'est une part en croissance qui échappe en grande partie aux détaillants locaux traditionnels.

Les consommateurs se montrent de plus en plus exigeants dans leurs dépenses, et ce sera encore plus vrai s'ils se mettent à rembourser leurs dettes. Ceux qui espèrent leur vendre quelque chose ont intérêt à en tenir compte, et à trouver des façons de répondre à leurs attentes. Mais au-delà de ces considérations marchandes, c'est l'équation générale qui doit changer. Il faut trouver d'autres moteurs de croissance que les ménages.

Souhaitons que les entreprises privées, qui font preuve d'une extrême prudence depuis la crise, reprennent enfin confiance et jouent un rôle plus actif dans notre économie.

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