Au lieu de se reposer les mêmes questions sur les CHSLD, commençons donc par appliquer les nombreuses recommandations qui ont déjà été faites, a plaidé le Conseil pour la protection des malades, cette semaine. Une critique qui pourrait s'appliquer à bien des consultations lancées ces dernières années.

«De grâce, ne soumettez pas un autre rapport avec d'autres recommandations, parce qu'on va être encore ici dans 10 ans», a plaidé le président du conseil de l'organisme, Paul Brunet, devant la Commission de la santé et des services sociaux, mardi.

La Commission a décidé de tenir des audiences sur les conditions de vie en centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). C'est bien joli, mais la majorité des sujets mentionnés dans le document de consultation ont été traités et, dans la plupart des cas, au moins deux fois plutôt qu'une.

Il existe des réponses pour 26 des 36 pistes de réflexion abordées, soit 72% d'entre elles, montre le Conseil dans son mémoire. Certaines figuraient déjà dans les orientations ministérielles de 2003, dont on se demande pourquoi elles ne sont toujours pas appliquées dans l'ensemble du Québec. D'autres se trouvent dans des rapports plus récents, dont ceux de la Protectrice du citoyen et du Vérificateur général.

Bref, n'en jetez plus, la cour est pleine.

Nous ne doutons pas de la bonne foi des députés membres de la Commission, qui ont certainement un intérêt sincère pour le sort des personnes hébergées en CHSLD. Mais pour l'ensemble de notre système de santé, élus inclus, qui tolère des situations maintes fois dénoncées depuis tant d'années, c'est embarrassant.

La Commission a rappelé, exemples à l'appui, que des établissements font très bien leur travail et que des progrès importants ont été faits dans certaines régions. Là n'est pas la question. Il faut plutôt se demander pourquoi la situation n'est pas acceptable partout ou, à tout le moins, dans la majorité des endroits, et ce qu'il faut changer pour qu'elle le devienne. La réponse à ces questions n'est certainement pas «une autre consultation».

La responsabilité de l'État, rappelons-le, est de fournir les soins médicaux. Pour le gîte et le couvert, les résidants doivent contribuer en fonction de leurs moyens. Le hic, c'est que la contribution maximale exigée en CHSLD couvre à peine les trois quarts de la note. Corriger cette aberration permettrait de récupérer 111 millions par an pour améliorer les services, estimait le vérificateur général au printemps 2012. Un groupe de travail a été formé en décembre suivant pour donner suite à cette recommandation. Résultats? Non seulement ceux-ci se font encore attendre, mais on n'a même pas d'échéancier à nous donner. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.

Cette manie de consulter au lieu d'agir renforce le cynisme de la population à l'égard de la politique. Avis aux élus: lorsqu'un problème est documenté, il faut arrêter de s'interroger et le régler.

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