Après des décennies à craindre que le petit écran ne rende le téléspectateur violent, on se rend compte qu'il risque plutôt de le rendre apathique.

C'est le constat qui se dégage d'une vaste étude internationale publiée hier dans le Journal de l'Association médicale canadienne. Les chercheurs ont comparé la présence de trois biens de consommation (téléviseur, ordinateur, voiture) dans les foyers de près de 155 000 répondants de 17 pays. «Nous avons découvert que la possession d'un de ces biens est associée à une probabilité accrue d'obésité et de diabète de type 2. Le risque le plus important est associé à la possession d'un téléviseur», soulignent les auteurs.

Faut-il s'en étonner? Des études menées dans des pays riches ont déjà montré que la présence accrue de la télé, de l'auto et de l'ordi dans les ménages va de pair avec une augmentation de l'obésité, du diabète et du syndrome métabolique, ainsi qu'avec une diminution de l'activité physique et une augmentation des heures assises. La consommation télévisuelle s'accompagne aussi d'une alimentation moins saine et plus calorique.

Les chercheurs ont voulu voir ce qui se passe dans des régions moins favorisées, où la pénétration de tels biens est en hausse. La différence est frappante.

De façon générale, les indices préoccupants (passer plus de temps assis, consommer davantage de calories, avoir un indice de masse corporelle et un tour de taille plus élevés et faire moins d'activité physique) augmentent avec le nombre de biens de consommation possédés. Mais cette tendance est beaucoup plus marquée dans les pays à faible revenu comme le Bangladesh, l'Inde, le Pakistan ou le Zimbabwe, que dans ceux à revenu moyen comme la Colombie ou la Pologne. Et dans les pays à revenu élevé, comme le Canada ou la Suède, elle ne s'est pas manifestée du tout.

Il faut dire que dans les pays à haut revenu, avoir à la fois une télé, un ordi et une voiture est une banalité. Plus 80% des participants étaient dans cette situation, contre seulement 3% dans les pays à faible revenu. Les effets négatifs de ces biens de consommation sont peut-être déjà bien enracinés dans les pays riches, ce qui expliquerait que le diabète et l'obésité y soient si présents, avancent les chercheurs.

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Nous ajouterons que dans les pays les moins riches, le mode de vie des gens qui n'ont aucun des biens étudiés est sans doute très différent de celui qui possède les trois, ce qui n'est pas forcément le cas ici.

Il serait toutefois imprudent de penser que ces résultats ne nous concernent pas. Au contraire, ils s'ajoutent au nombre croissant d'études qui ont établi des parallèles entre le temps passé assis et divers phénomènes troublants, dont le risque de mortalité accru.

Quand on songe à toutes les heures passées assis, non pas seulement devant un écran à la maison, mais au travail et en déplacement, on se dit que se lever fréquemment tient du réflexe de survie. C'est ce que nous vous invitons à faire sans attendre.

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