«J'aurais aimé avoir un cancer du sein». Ce slogan, apparu la semaine dernière dans le métro londonien, suscite une vive controverse. Mais derrière cette publicité choc se cache une vérité encore plus dérangeante.

La campagne de l'organisme anglais Pancreatic Cancer Action (PCA) frappe fort. «I wish I had breast cancer», dit une femme filmée en noir et blanc. Un homme affirme la même chose au sujet du cancer des testicules.

Le message, on s'en doute, s'est attiré une volée de bois vert.

«Horrible», «insensible», «répugnant et blessant», a-t-on lu sur Twitter.

Le slogan laisse entendre que le cancer du sein n'est pas grave, a riposté la patronne de la Breast Cancer Campaign.

Sans endosser le procédé, le fondateur de la Testicular Cancer Society s'est montré plus compréhensif. «J'ai souvent dit que si j'avais pu choisir mon cancer, j'aurais pris celui des testicules, sachant à quel point il est traitable», témoigne ce professionnel de la santé.

On touche au vif du problème. Si apprendre qu'on est atteint d'un cancer n'est jamais une bonne nouvelle, recevoir un diagnostic de cancer du pancréas est proprement dévastateur. Seulement 3 % des malades survivent et la plupart meurent en trois à six mois, souligne Pancreatic Cancer Action. La fondatrice de l'organisme et l'une des patientes ayant participé à la pub l'avouent: la première idée qui leur est venue en apprenant de quoi elles souffraient, c'est qu'elles auraient préféré avoir un cancer du sein.

Sans minimiser les dangers de la maladie, la pénibilité des traitements ou les séquelles qu'ils peuvent laisser, force est de reconnaître que les pronostics sont autrement plus encourageants. En Angleterre, le taux de survie à cinq ans est de 85 % pour le cancer du sein et de 97 % pour le cancer des testicules.

Cette inégalité des chances se manifeste ici aussi. Des 10 cancers qui volent le plus d'années d'espérance de vie aux Canadiens, celui du pancréas est l'un des plus sous-financés, a calculé Charity Intelligence Canada. «Bien qu'il soit responsable de 5 % des décès et des années potentielles de vie perdues, il reçoit seulement 0,8 % du financement destiné à la recherche et 0,1 % des dons», souligne l'organisme dans un rapport publié en 2011.

Les malades ne choisissent pas leur cancer, mais ceux qui financent la recherche peuvent faire une différence. Le taux de survie au cancer du sein s'est amélioré de plus de 60 % depuis les années 70 en Angleterre.

Celui du cancer du pancréas a gagné... un point de pourcentage.

Il est normal qu'un cancer très répandu, comme celui du sein, attire plus d'argent du public que celui, beaucoup plus rare, du pancréas. On peut toutefois se demander pourquoi les gouvernements et autres organismes de soutien à la recherche ne tiennent pas davantage compte du déficit de traitements, et du travail qui reste à faire pour donner un minimum d'espoir aux malades, lorsque vient le temps de répartir les fonds.

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