Maintenant que le plus spectaculaire a été fait au CHUM, le ministre de la Santé doit nous dire comment il entend régler le problème de la rémunération des cadres dans le réseau. Les reproches adressés par le Vérificateur général du Québec au Centre hospitalier de l'Université de Montréal ont beau être fondés, ils sont aussi symptomatiques de l'inadéquation des barèmes existants.

Le directeur général (DG) Christian Paire ayant finalement été relevé de ses fonctions hier, c'est le directeur général associé (DGA) qui le remplace temporairement. Bras droit de l'ex-DG, qui parlait de lui avec éloges, Yvan Gendron compte une trentaine d'années d'expérience dans le réseau. Il a notamment été PDG de l'Agence de la santé de la Montérégie et DG de l'Hôpital Charles-Le Moyne. Bref, c'est un choix naturel pour cet intérim. 

Toutefois, le DGA figure aussi dans un rapport de l'Agence de la santé de Montréal obtenu par notre collègue Pascale Breton cet été. Il fait partie des 10 postes identifiés comme ayant reçu des montants non conformes en 2012-2013. Et comme l'a révélé notre collègue, le DGA est également cité, avec son prédécesseur, parmi les décideurs qui ont autorisé de telles sommes.

Nous ne remettons nullement en cause l'honnêteté de M. Gendron. Il est au CHUM depuis deux ans seulement, alors que ces montants, comme le reconnaît l'Agence, découlent d'une pratique implantée depuis plusieurs années. Ces problèmes de rémunération non conformes, que le vérificateur général (VG) a signalés à son tour la semaine dernière, semblent s'inscrire dans un contexte beaucoup plus large. 

Dans ses commentaires au VG, que nous avons obtenus, la direction du CHUM indique que les montants ont été versés de bonne foi pour diverses raisons, dont le cumul de postes, l'attente de décisions ministérielles et «une logique d'attraction et de rétention [correspondant] aux pratiques observées dans le réseau».

Le vérificateur s'en est tenu au CHUM, mais il faut voir si d'autres hôpitaux prennent des libertés avec les barèmes. Le ministère a posé la question dans toutes les régions et l'analyse des résultats est en cours, nous dit l'agence de Montréal. Nous attendons avec impatience. 

Le système de classification des postes d'encadrement «n'est plus équitable et permet difficilement d'attirer et de retenir des candidats qualifiés et mobilisés», dénonçaient récemment une dizaine d'associations du milieu de la santé dans une lettre au ministre Réjean Hébert. 

Ça tombe mal. D'ici 2017, près du tiers des cadres du réseau devront être renouvelés. Comment attirer des candidats de qualité? Qu'il s'agisse de recruter à l'extérieur ou de convaincre des gens à l'interne d'accepter plus de responsabilités, c'est déjà difficile. 

Si le réseau allait comme sur des roulettes, on pourrait se contenter de gestionnaires qui appliquent des directives venues d'en haut. Mais dans l'état actuel des choses, on a besoin de gens qui ont l'ambition de faire mieux.

- Avec la collaboration de Serge Laplante.

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