Le rachat par Microsoft des activités de Nokia n'est pas une grande surprise. Reste à voir si ces deux éclopés du sans fil réussiront à faire mieux en s'épaulant qu'en marchant côte à côte.

La transaction de 7,2 milliards de dollars au comptant annoncée mardi est une suite logique du partenariat conclu il y a près de trois ans par les sociétés américaine et finlandaise. Les résultats, jusqu'ici, ont été modestes. 

L'adoption du système d'exploitation de Microsoft par Nokia lui a permis de se hisser au troisième rang derrière l'Android de Google et l'iOS d'Apple, mais loin derrière, et surtout grâce à la faiblesse de BlackBerry. Moins de 4% des téléphones intelligents vendus dans le monde roulent sur Windows Phone, calcule la firme Gartner. On est loin de la part de 15% dans cinq ans que fait miroiter Microsoft. D'autant que, contrairement à Google, elle ne peut pas compter sur les autres manufacturiers pour répandre son système. Il faudrait qu'elle le rende drôlement plus attrayant pour que ceux-ci décident de l'acheter plutôt que d'utiliser gratuitement Android.

Cela dit, l'acquisition des activités cellulaires de Nokia et d'une licence d'utilisation de 10 ans pour ses brevets est un raccourci qui pourrait se révéler payant. De l'intégration des activités de Nokia jaillira peut-être l'étincelle qui permettra enfin à Microsoft de trouver sa place dans le mobile. Une partie des actionnaires, qui préféreraient la voir se concentrer sur les logiciels d'entreprise et l'informatique nuagique, n'ont sans doute pas apprécié, mais le cas BlackBerry nous a enseigné à quel point il est risqué d'ignorer les intérêts des consommateurs et de trop compter sur sa clientèle d'affaires. 

Cette transaction arrive-t-elle trop tard? Il est tentant de le croire, mais dans les technologies de l'information, les positions ne sont jamais définitives. Le marché de la tablette numérique est en pleine effervescence et celui du téléphone intelligent a de belles années devant lui dans les pays émergents. Bref, il y a encore du territoire à conquérir. Qui sait: dans quelques années, ce sera peut-être Microsoft qui fera la barbe à Apple.

Arriver avec des innovations tellement fortes qu'elles changent la dynamique d'un marché, comme l'ont fait Apple et Google ces dernières années ou, en leur temps, Nokia et BlackBerry, n'est pas donné à tout le monde. Plus qu'une vision ou de l'inspiration, il faut un goût du risque et une détermination hors du commun pour développer de nouveaux produits qui ne ressemblent en rien à ce qui existe déjà. Toutefois, les difficultés de Microsoft dans le mobile et de Nokia dans la téléphonie intelligente nous montrent qu'il n'est pas nécessairement plus facile, ni plus payant, de prendre le train en marche. Si ces deux-là veulent redevenir des acteurs avec qui il faut compter, ils vont devoir s'y atteler avec l'énergie de nouveaux venus qui ont tout à prouver.

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