Si ça va aussi mal maintenant, qu'est-ce que ce sera tout à l'heure? Le message qui ressort de l'enquête sur les soins de santé aux personnes âgées, publiée aujourd'hui par l'Association médicale canadienne (AMC), est on ne peut plus clair: il faut agir.

Qu'ils soient prodigués à domicile, en hébergement ou en milieu hospitalier, les soins aux aînés sont une source d'inquiétude et de mécontentement, confirme le sondage réalisé auprès de 1000 Canadiens en juillet. Et c'est encore plus vrai chez les personnes susceptibles d'avoir à s'occuper d'un aîné, ou qui approchent de la retraite.

Si les trois quarts des répondants attribuent une bonne note (A ou B) à la qualité générale des services de santé et à leur expérience récente, à peine plus de la moitié (55%) ont une aussi bonne opinion des soins aux aînés. Et c'est encore pire quand on leur parle des services à domicile (46%).

En fait, à peine quatre répondants sur 10 considèrent que les soins destinés aux aînés (maintien à domicile, hébergement de longue durée et soins à l'hôpital) répondent aux besoins dans leur région.

Beaucoup de Canadiens s'inquiètent d'ailleurs de ce qui les attend à la retraite. L'accès aux soins de courte durée ainsi qu'aux soins à domicile et de longue durée préoccupe même davantage de répondants (79% et 77% respectivement) que leur situation financière (71%). Quand on sait à quel point les bas de laine sont dégarnis, ce n'est pas peu dire.

Les préoccupations sont encore plus vives chez ceux qui approchent de la retraite ou qui sont plus susceptibles d'avoir à jouer un rôle d'aidant naturel. Les personnes de 55 à 65 ans, celles qui s'occupent d'un adulte ne résidant pas avec elles ainsi que les femmes sont plus nombreuses à avoir une opinion très négative de l'accès aux soins, et à réclamer une stratégie globale pour améliorer la situation.

Si plusieurs recherches ont démontré que le vieillissement est loin d'être aussi coûteux qu'on le croyait, il n'en demeure pas moins que l'augmentation massive du nombre de personnes âgées va engendrer des besoins auxquels ni notre système de santé ni notre organisation sociale ne sont prêts à faire face.

Les fratries plus petites et l'éloignement géographique ont réduit le bassin de proches aidants, et les individus en mesure de jouer ce rôle risquent d'être accaparés par le travail bien après 65 ans.

Bien que les Québécois soient peu intéressés par une grande stratégie pancanadienne, ils sont tout aussi convaincus de la nécessité de réformer le système. Le Québec est l'une des régions où le plus de gens réclament que la priorité aille aux soins et à la réadaptation à domicile.

C'est une bonne nouvelle pour le ministre Réjean Hébert: il parle à des convaincus. Reste à voir si l'assurance-autonomie proposée est la bonne stratégie. Il faudra s'en assurer avant de se lancer. La dernière chose dont nous avons besoin, c'est d'un autre virage raté en santé.

akrol@lapresse.ca

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion