Les ministres des Finances et du Travail du G20 ne l'ont pas dit en ces termes, mais leur parti pris pour la croissance et l'emploi comme solution à la fragilité de la reprise en dit long sur leur envie de passer à autre chose.

«Notre priorité à court terme est de doper l'emploi et la croissance», indique le communiqué final de la réunion tenue en fin de semaine à Moscou.

L'assainissement des finances publiques est toujours à l'ordre du jour, avec l'objectif de développer des stratégies «crédibles et ambitieuses» pour le sommet prévu dans deux mois à Saint-Pétersbourg. Mais ces stratégies visant à réduire l'endettement s'appliqueront à moyen terme et devront être suffisamment flexibles pour soutenir la croissance économique et la création d'emploi, précise la déclaration commune.

Le ministre canadien des Finances Jim Flaherty s'est rendu à Moscou, mais n'a pu participer aux travaux en raison d'ennuis de santé. Est-ce la tournure des discussions qui l'a rendu malade? Le ton a en effet bien changé depuis le sommet de Toronto, où c'est la réduction des déficits et de l'endettement qui était mise de l'avant comme solution à la reprise.

Cela dit, on ne peut pas accuser le G20 de pécher par excès d'optimisme. Trois ans après Toronto, le diagnostic est posé dans les mêmes termes: la reprise est toujours «inégale et fragile», et le taux de chômage trop élevé dans plusieurs pays.

Seulement, le discours a évolué. Et c'est justifié. L'austérité n'a jamais été une recette pour la prospérité, mais un mal rendu nécessaire par la détérioration des finances de plusieurs pays. Le redressement est loin d'être terminé. Par contre, le déni qui a prévalu durant tant d'années n'a plus cours. On a compris le principe, le travail peut se poursuivre sans avoir besoin d'insister aussi lourdement dans le discours. À condition, bien sûr de ne pas retomber dans les vieilles ornières.

Le dynamisme et la création d'emploi ne reviendront pas par magie, en particulier dans les économies avancées, dont la démographie génère très peu croissance. Il est heureux que le G20 le reconnaisse, et en fasse une priorité. Reste maintenant à trouver les bons gestes, c'est-à-dire des interventions ayant des effets durables, et non des stimulants temporaires qui n'ont d'autres effets à long terme que de plomber les finances publiques.

Les États doivent commencer par revoir leurs exigences bureaucratiques et leur fiscalité, et renoncer aux aberrations qui font obstacle à l'entrepreneuriat et à la création d'emploi. Les entreprises, en retour, doivent sortir de leur frilosité et assumer leur rôle de moteurs économiques. Elles doivent aussi trouver des façons plus intelligentes d'améliorer leur productivité que de transférer des emplois à l'étranger.

C'est un défi considérable, et qui demande autrement plus d'imagination que l'austérité.

akrol@lapresse.ca

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