La Première ministre a beau parler de fierté et d'identité, la souveraineté alimentaire du gouvernement Marois est d'abord une politique économique.

Des aides financières plus généreuses et plus accessibles pour les jeunes qui se lancent en agriculture, des tarifs d'électricité réduits pour la production en serre, une politique d'achats publics privilégiant les produits locaux et des projets de lois pour protéger les terres agricoles de la spéculation: l'agroalimentaire québécois a eu droit à pas moins de quatre annonces jeudi.

Combien tout cela coûtera-t-il? Impossible à dire pour l'instant puisque seul le prix de la première mesure est clairement étiqueté: 3,8 millions de dollars pour la relève, puisés à même les fonds de la Financière agricole. On a hâte de voir le reste de la facture, surtout celle l'électricité subventionnée.

Cela dit, investir dans l'agriculture et la transformation alimentaire est une stratégie tout à fait défendable. Ces secteurs sont des moteurs d'activité économique importants dans toutes les régions, y compris celle de Montréal. Ils sont donc très intéressants à développer. Miser sur la demande locale est la façon la plus logique, et sans doute la plus rapide, de le faire. Le tiers seulement des aliments consommés au Québec viennent d'ici. Le potentiel de croissance est donc bien réel. Ça ne passera pas par des bananes locales, évidemment, mais quand des maraîchers d'ici ne trouvent pas de place dans les supermarchés en pleine saison des récoltes, c'est clair qu'il y a place à l'amélioration.

Le ministre Gendron compte beaucoup sur les consommateurs pour convaincre les chaînes d'améliorer leur offre locale. De fait, ceux-ci sont de plus en plus nombreux à rechercher les produits québécois, et à les réclamer s'ils ne les trouvent pas. Mais le prix demeure un critère important - le seul, même, pour beaucoup de gens. Il ne faut donc pas s'attendre à un transfert massif en faveur des aliments du Québec, du moins pas à court terme.

Heureusement, le ministre de l'Agriculture a une autre carte dans sa manche: une politique d'achats publics, promise d'ici la fin de l'année. Le gouvernement, notamment les établissements de santé et d'éducation, dépensent des sommes considérables en alimentation. Donner la préférence aux fournisseurs locaux pourrait faire une différence importante, en particulier pour les transformateurs. Il faudra voir ce que Québec peut exiger sans contrevenir aux règles de commerce international et interprovincial mais encore une fois, il est certain qu'on peut faire mieux.

En plus d'investir, Québec veut que l'agriculture ait priorité sur d'autres activités économiques, comme le développement immobilier. C'est un pas dans la bonne direction, mais il reste beaucoup à faire. Si on veut favoriser l'essor de l'agroalimentaire, il va notamment falloir repenser le programme d'assurance stabilisation - le nombre restreint de productions admissibles est une entrave majeure au développement.

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