«Dieu, faites qu'il y ait un autre boom pétrolier, je promets de ne pas le dilapider la prochaine fois», pouvait-on lire sur les pare-chocs en Alberta dans les années 80. La province devrait faire réimprimer cet autocollant et l'insérer dans son budget demain. Il est toujours d'actualité.

À première vue, la situation économique albertaine est enviable. Pas de dette, des milliards de dollars accumulés, la troisième réserve de pétrole en importance au monde. Un taux de chômage à 4,5%, pas de taxe de vente, un taux d'imposition unique de 10% pour les particuliers. Quel politicien peut se vanter d'avoir telle marge de manoeuvre?

Pourtant, le gouvernement conservateur d'Alison Redford est complètement coincé, et son budget de demain ne lui vaudra que des critiques.

La chute brutale des prix du pétrole albertain a forcé le ministre des Finances à revoir ses projections à l'encre rouge le mois dernier. Le déficit de l'année courante s'annonce quatre fois plus gros que prévu. Annoncé à moins de 900 millions de dollars, il atteindra plutôt 3,5 à 4 milliards.

Les Albertains, furieux, crient à la trahison.

Oui, Alison Redford a fait des promesses exorbitantes, fondées sur des projections trop optimistes, pour se faire élire au printemps dernier. La dépendance de la province aux revenus pétroliers et gaziers, sa réticence à en conserver pour les générations futures, le manque de diversité de son économie, par contre, elle ne les pas inventés. Ce sont des choix que les Albertains ont faits année après année, en toute connaissance de cause.

Le quart des entrées de fonds de la province dépend encore des ressources non renouvelables. Faute d'avoir développé de nouvelles sources de revenus, l'Alberta est toujours aussi vulnérable aux caprices des prix du pétrole et du gaz.

Diversifier une économie n'est jamais facile, et la province de l'Ouest doit composer avec des contraintes particulières. En temps de boom, les projets énergétiques drainent le capital et les ressources humaines. Et lorsque ce secteur va moins bien, l'État n'a plus d'argent.

La première ministre Redford a promis un budget «comme on n'en voit qu'un dans une génération», où le soutien à des secteurs comme l'agriculture, les forêts, la recherche en santé et les technologies vertes sera une priorité. On verra le sérieux de l'engagement demain.

Sa marge de manoeuvre, en effet, est toute théorique. Un grand nombre d'Albertains refusent que le gouvernement aille chercher quelque revenu supplémentaire que ce soit en taxes ou en impôts. Il faut sabrer les dépenses, disent-ils. Le problème, c'est que la population augmente de 50 000 à 100 000 personnes par an. Le manque d'écoles, de routes et de cliniques médicales est criant. Difficile, dans ces conditions, de couper dans les services.

L'Alberta a vu bien pire dans les années 80, mais elle n'a pas su en tirer les leçons. Fera-t-elle mieux cette fois?

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