Le compteur tourne pour Boeing, et il est gradué en centaine de milliers de dollars. L'ampleur des pertes occasionnées par son problème de batteries dépendra du temps qu'il mettra à le régler.

La photo de la pièce calcinée qui a forcé un 787 de All Nippon Airways à faire un atterrissage d'urgence mercredi dernier est accablante. Que personne n'ait été blessé n'y change rien. Deux batteries au lithium-ion qui s'enflamment sur le même modèle d'avion en 10 jours, ce n'est pas à prendre à la légère. Tous les Boeing 787 sont interdits de vol tant que le problème ne sera pas résolu, ont ordonné les autorités de l'air américaines (FAA).

Un nouveau modèle d'avion qui éprouve des pépins techniques, c'est presque un pléonasme. Les autorités japonaises s'intéressent d'ailleurs à un autre 787 ayant subi deux fuites de carburant récemment. Cette histoire de batterie, par contre, est d'une toute autre envergure. C'est la première fois en plus de 30 ans que la FAA cloue au sol tous les exemplaires d'un avion de ligne. Le dernier modèle à subir un tel traitement a été le DC-10 de McDonnell Douglas, parce que l'un d'eux venait de s'écraser, tuant 271 personnes.

La FAA n'allait pas attendre d'en arriver là, d'autant que sa responsabilité est doublement engagée dans l'histoire - à titre de surveillant, mais aussi de certificateur de l'appareil.

L'action de Boeing, évidemment, perd de l'altitude. Mais avec une baisse de 2,6% (1,97$) depuis le premier problème de batterie du 7 janvier dernier, on est loin de la chute en vrille. Aussi spectaculaire soit-il, le retrait temporaire d'une cinquantaine d'appareils dans le monde n'a pas encore de conséquences graves pour l'avionneur. C'est s'il se prolonge qu'il deviendra inquiétant.

Le scénario le moins grave (un lot de batteries défectueuses), quoique peu probable, est toujours possible. S'il est écarté, par contre, la situation se compliquera. Une faille dans la conception des batteries, ou des systèmes électriques auxquels elles sont reliées, pourrait prendre des semaines, voire des mois à corriger. Une tuile majeure pour Boeing, qui a lancé cet appareil avec des années de retard et d'importants dépassements de coûts. Outre les frais encourus pour trouver une solution et amadouer les transporteurs affectés, le problème retardera la livraison et le paiement des prochains 787, ainsi que l'accélération de la cadence de production prévue cette année.

Toutefois, il en faudra bien davantage pour que les clients de Boeing lui tournent le dos. Le Dreamliner offre une économie de carburant exceptionnelle, en grande partie à cause de son fuselage à forte teneur en matériaux composites, mais aussi grâce à son système électrique révolutionnaire. Moins d'un an et demi après son entrée en service, le carnet de commandes compte déjà 800 appareils. Si l'avionneur règle son problème de batterie dans un délai raisonnable et n'a pas d'autres ennuis importants, les transporteurs attendront.

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