La Federal Trade Commission (FTC) américaine a beau avoir cherché pendant plus d'un an et demi, elle n'a pratiquement rien trouvé à reprocher à Google. Si le géant californien s'en tire la tête haute, le gendarme de la concurrence n'en ressort pas grandi.

«Au lieu de l'éléphant promis il y a plus d'un an, la Commission a accouché de quelques souris», a dénoncé un commissaire opposé à une partie de l'entente annoncée jeudi.

Google était notamment soupçonné de fournir des résultats de recherche biaisés pour désavantager ses concurrents, dont Bing, le moteur de Microsoft, et Yelp, un outil spécialisé dans les commerces locaux. C'est l'accusation qui risquait le plus d'affecter le fonctionnement et l'image de Google. Ils n'ont pas une égratignure.

Même si Google se montre très combatif à l'égard de ses concurrents, rien ne prouve qu'il ait contrevenu à la loi américaine, conclut la FTC. Toute une déconvenue pour Microsoft, qui espérait voir son rival réprimandé comme il l'avait été à la fin des années 90.

Pour le reste, Google s'en sort avec des correctifs mineurs. Ne pas afficher les contenus de concurrents qui s'y refusent. Permettre aux annonceurs qui emploient sa plateforme publicitaire d'en réutiliser les données ailleurs. Bref, pas exactement un sacrifice, d'autant que ces points font l'objet d'une simple lettre d'entente.

Seuls les brevets de Motorola Mobility sont visés par règlement formel. Google s'engage à ne pas demander d'injonction contre les entreprises désireuses d'obtenir des licences sur les brevets liés à des normes techniques, sans quoi elle sera mise à l'amende. Une tape sur les doigts puisque selon la FTC, Google s'est déjà livré à cette pratique répréhensible. A-t-on tenu compte du fait qu'il n'est devenu officiellement propriétaire du fabricant de cellulaires qu'à la fin du printemps?

Chose certaine, la FTC n'a pas de quoi se pavaner. Oui, il arrive qu'un bureau de la concurrence ne trouve rien de répréhensible. Dans ce cas-ci, toutefois, on se demande si le gendarme n'a pas sorti son carnet trop vite, sans se demander s'il y avait vraiment matière à plainte. L'organisme s'est d'ailleurs empressé de se distancier des concurrents de Google, qui ont exercé de fortes pressions dans ce dossier. «La mission de la FTC est de protéger la compétition, et non des concurrents individuels», souligne-t-elle dans son communiqué.

Le pire, c'est que cette enquête infructueuse vient renforcer la domination de Google, en lui fournissant un certificat de bonne conduite auquel il n'aurait jamais pu prétendre. «La conclusion est claire: les services de Google sont bons pour les utilisateurs et la concurrence», claironne l'entreprise sur un de ses blogues. Raccourci éhonté, mais habile. Le commissaire européen à la concurrence réussira-t-il à lui extorquer davantage de concessions? C'est ce qu'on saura d'ici la fin du mois.

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