Faisant mentir les pessimistes, les États-Unis se sont arrêtés au bord du précipice fiscal à la dernière seconde. Mais ils n'ont pas tourné les talons. Les prochaines échéances budgétaires les trouveront au même point dans quelques mois.

La majorité républicaine de la Chambre des représentants a eu la décence de ne pas rejeter l'entente qui avait été adoptée avec une écrasante majorité au Sénat. Le pire a été évité de justesse mardi, quelques heures seulement avant la réouverture des marchés. Les Bourses, libérées d'un poids, se sont envolées hier. Les principaux indices américains ont clôturé en forte hausse.

Le répit sera de courte durée. Cette bombe est à peine désamorcée que déjà, d'autres font entendre leur tic tac.

La première est un sous-produit de la crise qui vient d'être évitée: les coupes automatiques de 110 milliards de dollars dans les dépenses publiques sont retardées de 60 jours. Il faudra bien y revenir. Le besoin de réduire les dépenses est évident, le non-sens des coupes aveugles aussi. Reste à déterminer où élaguer. Il va se déchirer bien des chemises là-dessus à Washington, d'autant que les démocrates exigent des hausses de taxes et d'impôts en contrepartie des resserrements.

La deuxième bombe est attachée au plafond de la dette. Depuis que la limite de 16,4 billions a été franchie en début de semaine, le Trésor a pris des mesures d'urgence pour permettre à l'administration de continuer à rouler. Il lui reste à peine deux mois d'autonomie. Si les élus ne s'entendent pas pour relever le plafond d'ici là, le pays se trouvera en rupture de paiement.

Déjà vu? Oui, on a eu droit à ce film-là à l'été 2011. Il était scandaleux. La suite s'annonce encore plus consternante. Les États-Unis, en effet, ont plus à perdre qu'il y a 18 mois. Les indicateurs économiques sont encourageants. Ce n'est pas le temps de tout faire dérailler. Hélas, à en juger par ce qu'on a vu ces dernières semaines, ces considérations ne pèsent pas lourd aux yeux de plusieurs.

Les augmentations d'impôts acceptées mardi ratissent moins large que ce qu'avait promis Obama en campagne électorale. Il visait les revenus familiaux de plus de 250 000$; l'entente épargne les ménages gagnant moins de 450 000$. Le compromis n'est pourtant pas banal, il s'agit de la première hausse bipartisane depuis 1990. On peut donc parler d'une victoire pour le président. Et les républicains les plus radicaux ont bien l'intention de la lui faire payer.

Les États-Unis ont gagné du temps, mais ce n'est que partie remise. Les échéances budgétaires des prochains mois seront riches en rebondissements stériles et en suspense de pacotille. Ne retenez pas votre souffle, républicains et démocrates réussiront sans doute à éviter le pire. Belle réussite... En se contentant de si peu, ils ignorent la véritable urgence: faire le ménage dans les finances publiques.

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