La National Rifle Association est enfin sortie du mutisme dans lequel elle se terrait depuis la tuerie de Newtown. Et pour une fois, ce n'est pas elle qui parle le plus fort.

«C'est le début d'une conversation sérieuse», a lancé le président du puissant lobby en fin de conférence de presse hier matin. Pour l'instant, c'est plutôt un monologue. Après l'interminable discours de son porte-parole Wayne LaPierre, la NRA a refusé de répondre questions avant lundi.

Sa dénonciation de la violence au cinéma et dans les jeux vidéo peut nous paraître ridicule, sa suggestion de créer une base de données des individus souffrant de maladie mentale révoltante, et son idée de placer un garde armé devant chaque école ahurissante, notre avis n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est que ces arguments, et la crainte de voir l'honnête citoyen privé d'armes, trouvent un écho chez un beaucoup d'Américains. Cette fois, cependant, ce ne sont peut-être pas eux qui auront le dernier mot.

Le drame du 18 décembre, c'était prévisible, a ravivé le débat sur le contrôle des armes à feu. Mais contrairement à ce qui s'est passé lors de précédentes fusillades, il ne semble pas près de s'éteindre. Que 20 jeunes enfants et six employés d'une école primaire aient dû périr sous les balles d'un désaxé pour en arriver là est d'une infinie tristesse. Par contre, étouffer le sujet comme certains ont tenté de le faire aurait été encore plus désolant.

Le contrôle des armes n'offre pas de protection absolue contre les tireurs. Certaines mesures peuvent toutefois leur compliquer la tâche ou limiter les dégâts. Le minimum que les États-Unis puissent faire, c'est d'en discuter sérieusement.

Malheureusement, c'est plutôt le contraire qui s'est produit ces dernières années, comme l'a montré hier le Journal de l'Association médicale américaine. Les Centers for Disease Control (CDC), l'autorité fédérale en matière de prévention, ne peuvent plus financer la recherche sur les blessures par arme à feu. La Floride a adopté une loi interdisant aux médecins d'interroger leurs patients sur les armes qu'ils possèdent - ce qui les empêche de rappeler les précautions à prendre avec leurs enfants. L'application de cette loi est suspendue pour le moment, mais sept autres États songent à en adopter des semblables.

Il est heureux, dans un tel contexte, que le président Obama ne se soit pas servi du précipice fiscal comme prétexte pour reporter la question à plus tard.

Évidemment, rien n'est fait. Cependant, quand un juge fédéral conservateur, propriétaire d'une arme à feu, favorable au Deuxième amendement et peu enclin à la réglementation réclame un interdit sur les fusils d'assaut et les chargeurs à grande capacité plus strict que celui qui a expiré en 2004, il est permis d'espérer. Car pour en arriver à des changements utiles, il faudra que les deux côtés acceptent de dépasser leurs peurs et leurs idées reçues, et considèrent froidement les faits.

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