On vit plus vieux, mais pas nécessairement en meilleure santé, confirme une étude d'envergure mondiale qui vient d'être publiée dans la revue médicale The Lancet. La maladie chronique est devenue l'ennemi public numéro un, et pas seulement dans les pays riches.

Quelque 300 maladies et blessures et 67 facteurs de risque étudiées par près de 500 auteurs en provenance de 50 pays: aucune recherche en santé n'avait traité autant de données à ce jour. Intitulée Global Burden of Disease (GBD) 2010, cette évaluation du fardeau que les maladies font peser sur les populations a pris du coffre depuis sa création en 1990.

Bonne nouvelle: les efforts soutenus contre certaines causes de mortalité portent leurs fruits. Les maladies infantiles ont reculé considérablement. Les maladies transmissibles ainsi que la mortalité maternelle, néonatale et d'origine nutritionnelle, qui étaient responsables de plus du tiers des décès en 1990, n'ont causé que le quart de ceux-ci en 2010. Même le sida, qui a tué cinq fois plus de gens en 2010 qu'en 1990, recule depuis son sommet de 1,7 million de morts en 2006.

Les tendances sont encore plus évidentes sur le long terme. Seulement 33% des personnes décédées dans le monde en 1970 avaient fêté leurs 70 ans. En 2010? Presque 43%. Pendant ce temps, les morts d'enfants de moins de 5 ans ont diminué de presque 60%. Même dans les régions frappées par le VIH/sida, l'âge moyen au décès a augmenté.

Ces années supplémentaires, toutefois, ne sont pas toutes de qualité. «L'espérance de vie en bonne santé s'améliore plus lentement que l'espérance de vie», signale le Lancet. Pour chaque année d'espérance de vie gagnée depuis 20 ans, l'espérance de vie sans incapacité n'a progressé que de 9,6 mois.

La dépression grave, l'anxiété et les problèmes de drogue et d'alcool sont responsables de beaucoup de ces années vécues avec une incapacité. L'Alzheimer et le Parkinson aussi. Certains problèmes de santé contribuent particulièrement au phénomène. Le diabète fait notamment augmenter les cas de pied diabétique, d'insuffisance rénale chronique, d'amputations, de rétinopathie et de neuropathie. L'épidémie d'obésité risque de multiplier les cas d'arthrose.

On meurt encore de toutes sortes de maux curables ou évitables. En particulier en Afrique subsaharienne, où les maladies infectieuses et infantiles ainsi que la mortalité maternelle représentent jusqu'à 70% du fardeau de la maladie. Il reste beaucoup de travail à faire, mais au moins, on est en terrain connu. Des solutions ont fonctionné ailleurs. On ne peut pas en dire autant d'autres problèmes dont les ravages s'accentuent, comme l'Alzheimer et les autres démences.

Le projet GBD a pour objectif d'influencer les politiques et les efforts de prévention en santé. Souhaitons qu'il influence aussi les priorités de recherche en faveur des maladies qui font peser un fardeau croissant sur les sociétés - sur les personnes qui en sont atteintes comme sur leur entourage.

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