La tuerie de Newtown a ravivé le débat sur le contrôle des armes à feu aux États-Unis. La mort de 20 enfants de 6 et 7 ans sera-t-elle suffisante pour l'empêcher de s'éteindre, comme cela se produit après chaque événement du genre?

Columbine, Virginia Tech, Aurora. Chaque fois, on est choqué de la facilité avec laquelle les meurtriers ont pu s'armer pour le massacre.

Beaucoup d'informations manquent encore sur les événements de vendredi. Le tueur, dont l'état mental est incertain, pourrait avoir utilisé les armes de sa mère, qu'il a abattue avant de se rendre à l'école Sandy Hope.

«Ce n'est pas la journée» pour parler des politiques fédérales sur le contrôle des armes à feu, a plaidé le porte-parole de la Maison-Blanche dans les heures qui ont suivi. Les Américains, heureusement, l'ont superbement ignoré.

Dans les médias traditionnels comme sur les réseaux sociaux, ils ont remis la question à l'ordre du jour avec plus de vigueur que jamais. Le jeune âge de la majorité des victimes et le peu de temps écoulé depuis que 12 autres personnes ont perdu la vie dans un cinéma du Colorado y sont évidemment pour beaucoup dans l'intensité du débat. Plusieurs croient que les États-Unis ont atteint un tournant et que le président Obama n'aura pas le choix de resserrer les contrôles.

C'est vrai, la National Rifle Association (NRA) n'a pipé mot depuis vendredi. Difficile de faire valoir le fait qu'interdire les armes de style militaire et les chargeurs de grande capacité, comme cela se discute actuellement, porterait atteinte aux droits fondamentaux.

De telles restrictions, toutefois, ne feraient pas de miracles.

Beaucoup de ces armes et de ces chargeurs se trouvent déjà dans les foyers américains. Si Washington parle sérieusement de les interdire, bien d'autres gens iront en acheter avant qu'elles ne soient prohibées.

Et la capacité d'un chargeur est un frein bien relatif. Oui, le Bushmaster utilisé à Newtown était équipé d'un chargeur de 30 balles. Mais ce qui a permis au meurtrier de tirer des centaines de munitions, c'est aussi la facilité à le changer. Même avec un dispositif plus restreint, il aurait pu faire pas mal de victimes.

Les lobbies pro-armes savent tout cela. Ils ne se gêneront pas pour le rappeler si le débat devient sérieux. Et ils ne prêcheront pas dans le désert. Les ventes d'armes à feu se portent bien aux États-Unis, et l'idée d'accroître les contrôles a perdu des appuis ces dernières années. Ceux qui veulent voir les choses changer doivent se préparer à une longue bataille.

Il faut empêcher les criminels et les irresponsables de se procurer des armes à feu, écrivait le président Obama dans une lettre ouverte il y a près de deux ans. L'argument est toujours d'actualité.

L'horreur de Newtown a donné des munitions aux Américains désireux que les choses changent. Ils devraient s'en servir pour obtenir des resserrements atteignables. Des gains, même moins spectaculaires, sont indispensables pour éviter que le débat ne s'éteigne jusqu'à la prochaine tuerie.

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