Les dépenses gouvernementales en santé ralentissent de façon importante, nous annonce l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS). Un signe d'efficacité? On demande à voir. Les chiffres, encore une fois, amènent autant de questions que de réponses.

Les dépenses publiques en santé ont augmenté de seulement 2,9% cette année, encore moins que l'an dernier (3,3%), estime l'ICIS en se basant sur les budgets provinciaux. C'est plus que l'inflation, mais bien moins que la tendance récente - 7% en moyenne par année entre 2000 et 2010.

Désireuses de résorber leurs déficits au plus vite, et ne pouvant pas beaucoup compter sur la croissance économique pour y arriver, les provinces s'efforcent de limiter leurs dépenses. Leurs objectifs pour la santé, leur plus gros poste budgétaire, sont très ambitieux. Il faut se demander si elles les atteindront et, surtout, de quelle façon. Les coupes à blanc, on l'a vu dans les années 90, sont une très mauvaise idée.

Les gouvernements cherchent plutôt à augmenter la productivité, à réduire les coûts généraux, à contrôler la rémunération et à mettre en place des initiatives rentables, note le PDG de l'ICIS dans un communiqué.

De fait, on entend de plus en plus parler de projets en ce sens. Mais ce sont souvent des initiatives locales, qu'il faudrait étendre à l'ensemble du réseau pour en retirer des bénéfices. Un transfert qui, hélas, prend toujours beaucoup de temps. Les contraintes budgétaires, elles, n'attendent pas. Les malades devront redoubler de vigilance pour ne pas en faire les frais. Surtout au Québec, qui est déjà l'une des provinces les plus économes, notamment au chapitre des dépenses consacrées aux hôpitaux et aux médecins par habitant.

Il serait aussi important de savoir pourquoi les dépenses privées augmentent plus vite que celles du public - 5,4% l'an dernier et 4,6% cette année, estime l'ICIS. Est-ce pour compenser le manque de services publics? Ou parce que les citoyens investissent davantage dans leur santé, notamment en prévention?

Le phénomène est d'autant plus intéressant qu'il survient après un changement dans le financement des soins privés. Les assurances privées, qui assumaient seulement 29% de ces frais en 1988, ramassent maintenant près de 40% de la facture. Y a-t-il un lien? À besoin égal, est-on plus enclin à aller chez le dentiste, à consulter un physiothérapeute ou à payer pour passer une radiographie si cette dépense est en partie couverte par une assurance? On pourrait penser que oui.

Les gouvernements réagissent un peu de la même façon: lorsqu'ils ont de l'argent, ils augmentent le volume d'activité en santé. Une approche qui donne des résultats rapides, mais de courte durée. S'ils employaient plutôt cet argent à améliorer l'efficacité du système, les services seraient moins affectés lorsque l'argent redevient plus rare.

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