Les déclarations du criminel Richard Bouillon au sujet du meurtre de Julie Surprenant auraient dû être portées immédiatement à la connaissance des autorités. Les systèmes médical et carcéral, ainsi que les ordres professionnels concernés, doivent prendre des mesures pour qu'une telle confession ne reste plus jamais lettre morte.

Presque cinq ans. C'est le temps qu'il a fallu avant que les affirmations faites par Richard Bouillon sur son lit de mort parviennent aux oreilles des enquêteurs, confirme le rapport que vient de publier la coroner Catherine Rudel-Tessier. Un délai insensé, qui a prolongé le supplice de l'attente auquel une famille est soumise dans ces circonstances.

Ce n'est même pas le souci du secret professionnel qui a étouffé cette information clé, mais une bête confusion. L'infirmière auxiliaire à qui le détenu Bouillon a fait des aveux, et l'infirmière-chef à qui cette dernière a demandé conseil, étaient toutes deux convaincues que l'homme avait rencontré le chroniqueur judiciaire Claude Poirier, comme il l'avait demandé. Ce n'était pas le cas.

On n'en revient pas de tout ce temps perdu. Lorsque Bouillon parle sur son lit de mort, l'adolescente a disparu depuis plus de six ans. S'il a, comme il l'affirme, jeté le corps dans la rivière des Mille-Îles, il est peut-être déjà trop tard pour le retrouver. L'information reste néanmoins du plus haut intérêt.

Ce délinquant sexuel notoire était, ne l'oublions pas, le principal suspect du meurtre de Julie Surprenant. Le sachant en phase terminale, des policiers étaient revenus le voir dans l'espoir de lui arracher une confession. Et malgré le temps écoulé, les révélations faites en janvier 2011 par l'infirmière auxiliaire seront jugées assez sérieuses pour fouiller de nouveau la rivière. En vain, hélas. N'empêche: si l'on n'est pas capable de retrouver un disparu, ni même son corps, on a le devoir de tout faire pour éclairer ses proches et les aider à faire leur deuil.

Tout le personnel d'un établissement de santé devrait pouvoir se référer à une personne désignée, elle-même tenue au secret, qui pourrait déterminer si de tels renseignements doivent être dévoilés, suggère la coroner.

De fait, l'absence de procédure explicite connue de tous a fait cruellement défaut dans cette histoire. L'infirmière-chef aurait eu une autre personne vers qui se tourner, permettant, souhaitons-le, à l'information de se rendre à bon port. Et la préposée aux bénéficiaires qui avait aussi reçu des aveux de Bouillon aurait pu en faire autant.

Le secret professionnel n'est pas entré en ligne de compte cette fois-là. On ne sait donc pas s'il aurait pu faire obstacle à la transmission de ces aveux. Mais les ordres concernés et l'Office des professions doivent s'interroger et, le cas échéant, trouver des solutions. Il n'est pas dans l'intérêt public qu'il s'applique dans une telle situation.

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