Les abonnés au cellulaire aiment faire de plus en plus d'activités avec leurs appareils. Se faire berner n'en fait pas partie.

C'est pourtant ce qui est arrivé à plusieurs avec les textos à tarif supplémentaire. Ces services à code abrégé permettent d'effectuer toutes sortes d'opérations, comme souscrire à des contenus (infos, blagues, sonneries, etc.), contribuer à de bonnes causes, voter pour le candidat d'une émission, participer à des concours, etc. «Dans de trop nombreux cas, les consommateurs n'étaient informés des frais imprévus et non autorisés que sur leurs factures», s'indigne la patronne du Bureau de la concurrence, Melanie Aitken.

L'organisme fédéral poursuit les trois principaux fournisseurs de cellulaire au pays pour plus de 30 millions. L'approche est hardie, mais elle permettra peut-être enfin de régler le problème.

Sur papier, Bell, Rogers, TELUS et l'Association canadienne des télécommunications sans fil (ACTS) ont des normes très claires sur ces textos à tarif supplémentaire. Il faut par exemple obtenir le consentement explicite de l'abonné. Dans les faits, on ne compte plus le nombre de clients qui jurent n'avoir jamais accepté les services qui leur ont été facturés, y avoir consenti à leur insu ou en pensant qu'ils étaient gratuits. «Des personnes crédules, inexpérimentées et vulnérables, comme des enfants» ont été ciblées, dénonce la poursuite déposée en cour supérieure de l'Ontario.

Le Bureau joue d'audace en s'attaquant aux fournisseurs de cellulaire plutôt qu'aux entreprises qui conçoivent ces services, ou aux agrégateurs qui les distribuent. L'ACTS le lui reproche vivement, d'ailleurs. Ses membres, dit-elle, n'ont pas l'autorité légale de sévir contre les publicités mensongères. Elle les compare aux médias, qui ne sont pas responsables des agissements de leurs annonceurs.

La comparaison est séduisante, mais inappropriée. Bell, Rogers et TELUS ne se contentent pas de relayer des réclames, comme le font les médias. Ils facturent les services achetés, et toucheraient même de 27 à 60% de ces revenus.

Les fournisseurs de cellulaire ne sont pas seuls responsables des surcharges dont se plaignent leurs abonnés. Mais ils ne sont pas neutres ni désintéressés dans cette affaire. Quant aux agrégateurs, l'enquête se poursuit, nous dit le Bureau.

L'organisme qualifie aussi de publicité trompeuse les textes dans lesquels les fournisseurs de cellulaire vantent leurs efforts contre les messages indésirables. De fait, les extraits cités dans la poursuite paraissent exagérément optimistes. Toutefois, ils semblent surtout destinés à rassurer les abonnés, et non à les berner.

Il faudra voir ce qu'en pense le tribunal... ou pas. Ce coup de semonce suffira peut-être à convaincre l'industrie de prendre enfin des mesures efficaces sans qu'il soit nécessaire d'aller en cour. Si c'est le cas, tant mieux. Les clients seront débarrassés plus vite des textos importuns.

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