Deux ans après sa création, le programme québécois de procréation assistée continue à nous réserver de mauvaises surprises.

La clinique de procréation du CHUM fonctionne seulement au quart de sa capacité, nous apprenait hier notre collègue Gabrielle Duchaine. Un service hospitalier qui manque de patients? À Montréal? Hé oui.

Il faudra voir si la nouvelle contribuera à attirer des patientes. Mais le fait que cette clinique roule à si bas régime plus de six mois après son ouverture soulève des sérieuses questions sur la pertinence d'augmenter l'offre de fécondation in vitro (FIV) dans le secteur public.

Les transferts d'activités médicales d'établissements gérés par le système public à d'autres appartenant à des intérêts privés suscitent souvent des débats. Sauf qu'on est ici dans la situation inverse. Lorsque Québec a commencé à payer pour la FIV, en août 2010, le Centre hospitalier universitaire McGill (CUSM) était le seul établissement public équipé pour l'offrir. Le gouvernement s'est pourtant mis en tête qu'à terme, en 2015, les deux tiers des cycles de FIV seraient effectués au public.

Nous l'avons dit maintes fois dans cet espace: rembourser ces coûteux traitements est une mauvaise idée pour un système de santé comme le nôtre, qui n'arrive pas à répondre aux besoins de sa population. Une fois cette mauvaise décision prise, on aurait au moins pu limiter le gaspillage en évitant de multiplier les cliniques dans les hôpitaux.

Offrir la FIV dans le réseau public permet de faire de la recherche, et donne un point de comparaison pour négocier les tarifs avec le privé. C'est important. On aurait toutefois pu le faire de façon plus économique et concentrer ces activités dans un plus petit nombre d'hôpitaux.

Pourtant, malgré la faible demande au CHUM, le ministère de la Santé continue à vouloir implanter la FIV dans trois autres CHU (Sherbrooke, Québec et Sainte-Justine) l'an prochain. Offrir ce traitement dans le réseau public permettra d'établir des «corridors de service» pour les régions où ils ne sont pas disponibles, explique-t-on notamment au ministère.

La Régie de l'assurance-maladie verse plus de 4500$ pour chaque cycle de FIV. On peut trouver dérangeant qu'une partie de l'argent des contribuables aille ainsi à des cliniques privées. Et effectivement, si le réseau public avait été en mesure de répondre à la demande lorsque Québec a décidé de couvrir ces traitements, il n'y aurait pas eu lieu de payer des promoteurs privés pour en offrir. Malheureusement, ce n'était pas le cas.

Québec a donc décidé d'ouvrir des cliniques de fertilité dans quatre autres hôpitaux. Des millions de dollars de fonds publics pour permettre à ces établissements de concurrencer le privé, et de se faire concurrence entre eux.

Voilà qui est drôlement plus dérangeant.

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