L'auteur présumé de la tuerie d'Aurora semble avoir méchamment dérapé ces derniers mois. Y avait-il, dans son entourage, des gens qui auraient dû s'inquiéter de son état et intervenir? Il faudra voir. En attendant, on est frappé de l'aisance avec laquelle il a pu s'outiller pour ce carnage.

D'après les témoignages qui commencent à émerger, James Holmes était, jusqu'à tout récemment, un jeune homme bien sous tous les rapports. Ce fils de bonne famille de San Diego n'était pas seulement tranquille, discret et inconnu des services policiers. C'était un étudiant brillant, lauréat d'une bourse prestigieuse et déterminé à faire sa marque dans les neurosciences. Il y a quelques mois, toutefois, il a délaissé son programme doctoral et entrepris de se constituer un arsenal étonnant.

En deux mois, cet étudiant de 24 ans a acquis, en toute légalité, un fusil d'assaut, deux pistolets Glock et un fusil de chasse de calibre .12. Des achats banals au Colorado où, comme en tant d'autres endroits aux États-Unis, on tient dur comme fer à pouvoir s'armer pour se défendre.

Mais Holmes s'est procuré plusieurs autres articles dont on doute qu'ils soient indispensables à l'honnête citoyen. Des chargeurs de 100 cartouches permettant de tirer 50 à 60 coups à la minute. Du gaz fumigène. Un uniforme de protection d'une qualité telle que des policiers ont d'abord cru avoir affaire à un confrère membre d'une unité d'intervention spéciale - un spectateur qui aurait voulu utiliser son arme personnelle pour, justement, le neutraliser aurait eu bien peu de chances de l'atteindre. Sans parler des explosifs qui lui ont permis de transformer son appartement en piège mortel.

Est-il normal qu'un esprit exalté puisse se procurer une telle panoplie aussi aisément? Plusieurs, dont le maire de New York, réclament aujourd'hui un meilleur contrôle des armes à feu. Ce débat, pourtant, va mourir dans l'oeuf encore une fois. Une réaction incroyable vue du Canada, mais rien ne sert de nous poser en donneurs de leçon. Les Américains sont les seuls à pouvoir changer la donne. Et de toute évidence, ils n'en sont pas là.

Deux facteurs semblent avoir un peu limité les dégâts. Une arme enrayée qui aurait empêché l'utilisation du chargeur de 100 cartouches, et la mise en garde de Holmes aux policiers quant à l'état de son appartement. C'est tout. Les résidants d'Aurora devraient pouvoir compter sur autre chose que le hasard et la collaboration d'un suspect pour assurer leur sécurité!

On ne sait pas encore si cette tuerie-ci aurait pu être évitée. On voit cependant combien le libre accès à du matériel dangereux l'a rendue facile. Et malgré le drame vécu dans cette salle de cinéma, rien n'indique que les contrôles seront resserrés. Dès lors, ce n'est qu'une question de temps avant qu'un autre meurtrier, au Colorado ou ailleurs, ne mette ses sinistres fantasmes à exécution.

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