Le manque d'activité physique a des effets nocifs comparables au tabagisme, conclut une étude publiée dans la revue médicale The Lancet. Convaincre les sédentaires de se remuer un peu éviterait des millions de décès chaque année. Plus facile à dire qu'à faire, toutefois.

Automobile, ascenseur, ordinateur... Les gains d'efficacité, au fil des ans, se sont souvent faits au détriment des occasions de bouger. Au point que bien des êtres humains ne font même pas le minimum d'activité physique recommandé pour leur santé.

Cet immobilisme serait responsable de 6% des maladies coronariennes, de 7% des cas de diabète de type 2 et de 10% des cancers du sein et du colon dans le monde, ont calculé des chercheurs associés au groupe de travail sur l'activité physique du Lancet.

Alors que des millions de téléspectateurs s'apprêtent à s'enfoncer dans leur fauteuil pour ne rien manquer des Jeux olympiques, la revue britannique rappelle que l'activité physique n'est pas un exploit, mais une nécessité quotidienne. Aux enfants et aux ados, on recommande au moins 60 minutes d'activité modérée ou intense par jour. Aux adultes, 150 minutes de marche rythmée hebdomadaires. Les bienfaits se font sentir même en deçà de ce seuil. Un individu qui bouge environ 90 minutes par semaine vit trois ans de plus qu'un sédentaire, montre une autre étude.

L'inactivité a causé 5,3 millions de décès prématurés en 2008, estiment les chercheurs du Lancet. Le tabagisme, lui, a fait environ 5 millions de morts en 2000. «De la même façon que les médecins ont insisté sur les dangers du tabagisme et non sur les avantages de ne pas fumer, nous devrions mettre l'accent sur les dangers de l'inactivité et non sur les avantages de l'exercice», plaident des spécialistes de la santé publique dans un autre article de la série.

L'approche mérite d'être essayée car jusqu'ici, les campagnes gouvernementales n'ont pas grand succès. Aucune, en tout cas, n'a réussi à inverser la tendance.

Par contre, l'idée de considérer la population inactive comme anormale, comme le prônent ces mêmes spécialistes, nous semble totalement déplacée. Chaque fois que des experts de la santé publique adoptent un point de vue moralisateur, ils s'aliènent une partie importante de la population qu'ils veulent convaincre.

Au lieu de stigmatiser les individus, les pouvoirs publics devraient faire leur propre examen de conscience. Des transports en commun à l'architecture en passant par l'aménagement urbain et les horaires scolaires, beaucoup d'interventions pourraient être faites pour améliorer les milieux de vie. Créer des conditions inspirantes et éliminer les contraintes qui incitent à en faire le moins possible donneraient de bien meilleurs résultats que de prêcher les vertus de l'exercice.

Sur ce, nous vous invitons, tout comme nous, à aller faire un tour après avoir terminé cet édito.

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