Québec prendra le relais des soins qu'Ottawa cessera d'offrir aux demandeurs de statut de réfugié. On paye pour le fédéral, mais c'est la meilleure chose à faire. D'une façon ou d'une autre, ce sont les contribuables qui hériteront de la facture.

À partir de demain, les demandeurs d'asile n'auront plus droit au volet complémentaire du Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI). Ils pourront recevoir des soins de base, ceux auxquels les Québécois ont accès avec leur carte-soleil. Mais les médicaments et les soins dentaires, optométriques et psychologiques ne seront plus couverts. Et les individus dont la demande a été rejetée n'auront même plus droit à la couverture de base. Seules les maladies mettant à risque la santé ou la sécurité publique seront traitées.

Nous ne voulons pas demander aux Canadiens de payer pour un régime de soins de santé plus généreux que celui auquel ils ont eux-mêmes droit, a fait valoir le ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme, Jason Kenney. Le changement fera économiser environ 20 millions par an au cours des cinq prochaines années, estime-t-il.

Mauvais calcul, dénoncent les professionnels de la santé. Au moins une dizaine d'associations ont levé le ton. Les économies, soulignent-elles, sont illusoires puisque les malades privés de médicaments aboutiront aux urgences, où ils coûteront beaucoup plus cher.

Les ministres québécois de la Santé et de l'Immigration ont écrit au fédéral pour lui demander de revoir ou de suspendre sa décision. En attendant, Québec prendra le relais, du moins pour les médicaments et les soins psychologiques - les soins des yeux et des dents font encore l'objet de discussions. Dans d'autres provinces, des médecins s'organisent pour documenter les effets néfastes de ces coupes sur les réfugiés.

Les quelque 10 000 demandeurs d'asile résidant au Québec coûtent environ 5 millions par an au PFSI, tous soins compris. Le volet complémentaire, qui représente une partie seulement de cette somme, ne nous coûtera donc pas une fortune.

Québec aurait pu se montrer aussi insensible que le gouvernement Harper et laisser les réfugiés malades revenir par la porte des urgences. Le fédéral aurait ramassé la facture puisqu'il s'agit de soins de base. Mais qui, au bout du compte, aurait payé pour ce gaspillage? Eh oui, les contribuables. Ceux-là même à qui on essaie de faire croire qu'ils gagneront au change avec ces compressions.

Les demandeurs d'asile ont souvent vécu des situations éprouvantes avant d'arriver ici. Alors oui, on leur offre un peu plus que les soins de base, pour leur donner toutes les chances de redémarrer du bon pied. Gaspillage? Non, investissement.

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