Bonne performance dans les matières essentielles. C'est la mention que reçoit le Québec au classement annuel de l'Alliance sur les temps d'attente (ATA). Bravo, mais qu'en est-il de tous les autres services médicaux?

Les provinces, rappelons-le, ont convenu de mesurer l'attente dans cinq domaines prioritaires, soit les chirurgies de l'oeil, du genou et de la hanche, l'imagerie diagnostique et les pontages aortocoronariens. Si l'on exclut cette dernière activité, pour laquelle les données n'étaient pas disponibles, le Québec arrive bon deuxième, devancé seulement par l'Ontario. Et c'est uniquement à cause des chirurgies du genou: de 70 à 79% des Québécois sont opérés dans les délais prévus, contre au moins 80% dans la province voisine.

La situation n'est pas meilleure que l'an dernier, mais soyons justes. Attendre une chirurgie de la cataracte à Terre-Neuve, une arthroplastie de la hanche ou du genou à l'Île-du-Prince-Édouard, ou n'importe laquelle de ces chirurgies au Manitoba est bien pire. Non seulement les chances d'être opéré dans les délais y sont moins bonnes qu'ici, mais elles ont diminué dans la dernière année.

Le Québec, à ce que l'on sache, est donc un assez bon élève. L'ennui, c'est qu'on ne sait pas grand-chose. Les délais mesurés ne couvrent qu'une fraction du parcours du combattant que les malades doivent se taper avant de recevoir le traitement visé. Ils excluent l'attente pour consulter un médecin généraliste, et celle pour rencontrer le spécialiste auquel ils auront été référés. Des semaines, souvent des mois ne sont pas comptabilisés. Ils sont pourtant bien réels - demandez aux patients qui souffrent ou angoissent en attendant leur opération ou leur test de résonance magnétique.

Et encore, on ne parle que de cinq types d'interventions. Pour le reste, on est dans le brouillard. L'ATA a ajouté quelques exemples dans son bulletin de cette année, de la douleur chronique à la gastroentérologie en passant par la médecine nucléaire et la gynécologie. Un exercice essentiellement théorique puisque dans les meilleurs cas, seules quelques provinces calculent le temps d'accès aux services en question.

Il est urgent que les systèmes de santé s'organisent pour évaluer davantage d'activités. C'est la seule façon d'avoir l'heure juste et de cibler les secteurs les plus déficients.

L'évaluation n'est pas une panacée. Elle peut même avoir des effets pervers, en drainant les ressources vers les activités faisant l'objet d'un suivi au détriment de celles pour lesquelles l'organisation n'a pas de comptes à rendre. C'est pourquoi il faut ajouter des rubriques au bulletin, afin de réduire les zones d'ombre dans lesquelles les patients poireautent en attendant d'être soignés.

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