Le bilan routier québécois continue de s'améliorer. Bravo! Mais pour que les statistiques continuent à évoluer dans la bonne direction, c'est l'attitude des usagers de la route qui doit changer.

En 2011, 479 personnes ont perdu la vie sur les routes du Québec, montre le bilan de la Société de l'assurance automobile (SAAQ) publié hier. C'est moins que l'année précédente, et ce, pour une cinquième année de suite. Le progrès est modeste (2 décès de moins), mais toute amélioration est bonne à prendre. D'autant que le nombre de blessés graves a lui aussi diminué presque tous les ans depuis 2006.

«On souhaite ardemment que ce soit une tendance», a commenté le ministre des Transports Pierre Moreau. Le bilan routier, en effet, s'améliore par à-coups. Il faut du temps avant de pouvoir tenir les progrès pour acquis.

Le nombre de décès, par exemple, est passé sous la barre des 700 morts pour la première fois en 1998, mais il a fallu neuf ans avant qu'il y reste. Ça prendra donc plusieurs années avant d'être sûr que les seuils franchis récemment (sous les 600 en 2008, puis sous les 500 en 2010) le soient pour de bon.

À la fin 2010, presque la moitié des Québécois sondés pour la SAAQ ont cité les accidents de la route en tête des problèmes les plus importants à régler à court terme. La grande patronne de l'organisme, Nathalie Tremblay, y voit un changement de culture. De fait, l'importance de cet enjeu a pratiquement doublé en un peu moins de quatre ans, montrent les résultats de ce sondage récurrent.

Il est encourageant que la population réclame plus de sécurité sur les routes. Les campagnes de la SAAQ y ont sûrement contribué, tout comme certains «accidents» très médiatisés, davantage attribuables aux comportements criminels des conducteurs qu'à la fatalité.

Les statistiques de la SAAQ ne disent cependant pas tout. Des 479 décès de l'an dernier, combien sont véritablement des victimes, qui n'ont eu aucune part dans l'accident qui leur a coûté la vie? Et combien ont mis leur vie, et celle des autres usagers de la route, à risque? On l'ignore.

On sait qu'il y a eu 436 accidents mortels et près de 1700 accidents ayant fait au moins un blessé grave l'an dernier. On n'a cependant pas de données sur les responsables de ces accidents. C'est pourtant ceux-là, décédés, blessés ou indemnes, qui doivent nous préoccuper, car ce sont eux qui font la différence. Ce sont eux qui auraient dû s'abstenir d'une manoeuvre dangereuse au volant, en moto, en vélo ou à pied. Ou qui n'auraient pas dû conduire dans des conditions (alcool, drogue, vitesse, fatigue, etc.) où ils n'avaient pas le contrôle de leur véhicule.

La sensibilisation, toutefois, n'est rien sans l'action. Le changement de culture ne devrait pas seulement se voir dans l'opinion publique, mais dans le comportement des usagers de la route. Or, il leur reste bien du chemin à faire.

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