Les ministres de la Santé ont eu leurs premiers échanges officiels au sujet du renouvellement de l'accord fédéral-provincial sur la santé à la fin de la semaine dernière. Ils ont seulement effleuré le sujet. Un immense travail reste à faire pour assurer aux Canadiens que cet argent améliorera l'offre de soins.

Dans le cadre de l'accord de 2004, qui se termine en 2014, les provinces avaient pris divers engagements. Elles devaient notamment réduire les temps d'attente pour certaines chirurgies (hanche, genou, cataracte) et d'autres domaines, comme le cancer, les maladies cardiaques et l'imagerie médicale. Des engagements bien relatifs: la santé étant une juridiction provinciale, Ottawa n'a aucun moyen de contraindre ses partenaires.

On a constaté depuis que certains délais avaient effectivement diminué, y compris au Québec. Mais de là à dire que les objectifs ont été atteints? Impossible à déterminer, montre le dernier rapport de surveillance du Conseil canadien de la santé. On est vraiment très loin d'une obligation de résultat!

Il y a un problème d'imputabilité. Pas envers Ottawa - la santé doit rester une compétence des provinces - mais envers la population. Les attentes sont limpides: on veut un meilleur accès aux soins. Rajouter de l'argent dans la machine sans savoir dans quelle mesure il contribue à atteindre cet objectif est un incroyable gaspillage.

«Les ministres sont d'avis qu'un financement continu, stable et prévisible est essentiel», ont indiqué les élus de la Santé jeudi dernier.

C'est le résumé de l'entente qui s'achève, d'une durée 10 ans, avec une augmentation des transferts fédéraux de 6% par année. Le gouvernement Harper la prolongera peut-être de deux ans, mais guère plus. Une hausse annuelle de 6% serait difficilement compatible avec ses objectifs de réduction du déficit, alors que les revenus de l'État progressent à un rythme beaucoup plus lent.

Les transferts fédéraux représentent moins du quart de ce que les provinces dépensent en santé, mais c'est une contribution déterminante. La négociation du prochain accord devrait donc être l'occasion de sérieuses remises en question. On l'a vu, les rehaussements substantiels des dernières années n'ont pas fait de miracles. Et on n'aura pas deux fois plus pour faire deux fois mieux.

On en revient toujours au même point: il faut s'organiser pour faire davantage avec les sommes dépensées. Le sujet, souhaitons-le, sera au coeur des discussions sur le renouvellement de l'accord sur la santé. Ce ne sont pas les idées qui manquent, ni même les expériences. Seulement la volonté politique.

Annoncer de nouveaux investissements est plus agréable que de faire le ménage dans sa cour, c'est certain. Sauf que ce n'est pas l'argent d'Ottawa ou des provinces dont il s'agit, mais celui des contribuables. Ils s'attendent à mieux que des annonces ronflantes sans grand effet sur les listes d'attente.

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