Trois ans et 100 millions de dollars. C'est ce que Québec a dû investir pour en arriver à un résultat élémentaire: que tous les restaurants donnent de vraies factures et déclarent toutes leurs ventes, taxes incluses. Souhaitons que cette fois sera la bonne.

Que vous mangiez dans un bistrot branché ou un petit resto exotique, la règle est la même. À partir d'aujourd'hui, vous devriez recevoir une addition détaillée, comportant notamment un code à barres. Cependant, quelque 2000 commerces n'ont pas le module d'enregistrement de ventes requis. S'ils n'ont pas déjà pris rendez-vous pour l'installer, une amende d'au moins 2000$ les attend.

Combien écoperont? C'est ce qu'il faudra voir au cours des prochains mois. Après des années de lutte infructueuse contre les logiciels de camouflage et le détournement des taxes, Revenu Québec a pris les grands moyens. Il lui en a coûté 100 millions pour développer son propre système de contrôle, fournir les modules et soutenir financièrement leur installation. Les commerçants honnêtes, qui ont dû se farcir l'intégration du système et en payer une partie, s'attendent à ce que les récalcitrants en subissent les conséquences. Avec raison. Ce n'est pas seulement un problème de fraude fiscale, mais de concurrence déloyale.

Pour en venir à bout, il faut que les inspecteurs de Revenu Québec consacrent les prochaines semaines aux établissements non conformes, et sévissent. Il sera toujours temps, ensuite, de voir si ceux qui ont déjà leur module l'utilisent correctement.

Le système donne déjà des maux de tête aux restaurateurs qui éludaient une grosse partie de leur chiffre d'affaires. Certains vont fermer pour rénovations, ce qui expliquera que leurs ventes augmentent par magie, a blagué le ministre Bachand. N'empêche, il y a un fond de vérité, qui montre à quel point le ménage est difficile à faire.

Il sera donc important d'en mesurer les résultats. Les 300 millions par an que Québec prévoit récupérer, mais aussi la résistance de ce système informatique au piratage, et le nettoyage attendu du secteur de la restauration.

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