Les conducteurs âgés font peut-être moins d'accidents que les jeunes, mais ce groupe présente des risques particuliers dont on doit tenir compte.

Les conducteurs âgés font peut-être moins d'accidents que les jeunes, mais ce groupe présente des risques particuliers dont on doit tenir compte.

Vous l'avez sûrement entendu: parmi les détenteurs de permis de conduire québécois de 75 ans ou plus, seulement 24 sur 1000 ont été impliqués dans un accident l'an dernier. Moitié moins que chez les 16-34 ans (54 sur 1000). Ces chiffres, toutefois, ne disent pas tout.  

Au cours des dernières années, au moins quatre octogénaires québécois ont provoqué des collisions mortelles après avoir emprunté une route ou une autoroute à contresens. Deux d'entre eux avaient été avisés par un médecin de ne pas conduire, deux autres n'avaient pas été dépistés correctement.

Notez qu'il s'agit d'exemples, et non d'une revue exhaustive, du Bureau du coroner. Et que la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) ne compile pas tous les accrochages, seulement les accidents rapportés par les policiers. D'autres sources montrent que les plus de 64 ans sont impliqués dans plus de collisions par kilomètre parcouru que n'importe quel groupe, sauf les adolescents. Les intersections sont particulièrement problématiques. Parmi tous les conducteurs responsables d'une collision mortelle ou avec blessés graves à un croisement, 40% ont commis une infraction à la circulation. Chez les 65-74 ans, ça frise les 50% (presque autant que les 16-24 ans). Et chez les plus de 74 ans, on approche 70%.

Le nombre de détenteurs de permis ayant soufflé leurs 65 bougies a bondi de 54% au Québec depuis 10 ans. Et leurs rangs vont presque doubler d'ici 20 ans -- ils devraient être 1,5 million en 2030. Si rien n'est fait, les problèmes liés au vieillissement vont se multiplier sur nos routes.

Il ne s'agit pas de stigmatiser les conducteurs qui avancent en âge, mais d'intervenir auprès de ceux qui ne devraient pas être au volant. Les octogénaires cités plus haut avaient encore leur permis. Dans tous les cas, pourtant, un médecin ou l'entourage avaient noté des désordres sérieux. De tels cas devraient pouvoir être retirés de la circulation avant qu'ils n'y provoquent un accident mortel.

Hélas, il n'existe pas de recette unique pour éviter de tels drames. En particulier dans le cas des troubles cognitifs qui, contrairement à des limitations physiques comme les cataractes ou la surdité, ne se manifestement pas nécessairement dans le bureau du médecin.

Imposer des tests routiers à tous n'étant pas réaliste, il faut d'autres mesures. Il y a déjà les évaluations médicales à âges fixes de la SAAQ, et la possibilité d'y signaler les cas inquiétants en tout temps. Des groupes de travail planchent sur aussi la question, ici et ailleurs au Canada.

Mais pour avant toute chose, il faut prendre le problème au sérieux. Ne pas se contenter de dire à une personne qu'elle ne doit plus conduire, et intervenir plus rapidement auprès de celles qui sont signalées à la SAAQ. La sécurité des usagers de la route en dépend, quel que soit leur âge.

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