Les co-chefs de la direction de Research in Motion (RIM) ont de nouveau plaidé leur cause cette semaine. Les marchés sont-ils prêts à attendre?

Les co-chefs de la direction de Research in Motion (RIM) ont de nouveau plaidé leur cause cette semaine. Les marchés sont-ils prêts à attendre?

Le titre de RIM a perdu presque 60% de sa valeur depuis six mois. Un recul démesuré par rapport au potentiel du géant canadien des télécoms, mais qui en dit long sur la perte de confiance des marchés. Leur réaction, bien qu'exagérée, n'est pas sans fondements.

Jim Balsillie et Mike Lazaridis ont profité de l'assemblée annuelle pour répéter leurs messages des derniers mois. Les revenus de la société ont augmenté au cours de la dernière année financière et ses appareils se vendent partout dans le monde. Elle ne manque pas de liquidités et sa prochaine génération de BlackBerry sera révolutionnaire.

Cependant, RIM a aussi beaucoup déçu. Quand on commence à revoir ses prévisions de résultats à la baisse, à reporter la sortie de nouveaux modèles et à annoncer des mises à pied, le capital de crédibilité en prend un coup.

Il est donc normal que la promesse d'une nouvelle génération de BlackBerry ne suffise pas à calmer les inquiétudes. D'autant que la dernière révolution promise, la tablette numérique PlayBook, s'est révélée extrêmement décevante. Oui, le mode multitâches et la capacité Flash sont de réels atouts que l'iPad n'a pas, mais comment RIM a-t-elle pu penser séduire les consommateurs avec une tablette dépourvue d'application pour le courriel?

C'est ce genre de raisonnement qui inquiète le plus de la part de la société. Il renforce les doutes sur sa capacité à comprendre ses clients, qui ne sont plus seulement des organisations et des fournisseurs de sans-fil, mais des particuliers.

Certains suggèrent à RIM de se recentrer sur la clientèle professionnelle, qui comprend les avantages techniques et sécuritaires de ses produits. C'est oublier que ce marché-là aussi a changé. C'est vrai, le BlackBerry demeure le seul téléphone intelligent accepté dans beaucoup d'entreprises et d'instances gouvernementales. Sauf que de plus en plus d'employeurs laissent leur personnel choisir leur appareil. Et qu'Apple courtise assidûment les entreprises, en misant là aussi sur son imposant catalogue d'applications - le talon d'Achille de RIM. Bref, se replier sur ce marché où sa domination est de plus en plus contestée risquerait de donner des résultats décevants.

Absorbée par sa trajectoire, la direction de RIM a oublié de regarder dans son rétroviseur. Elle s'est aperçue de la menace d'Apple seulement après que celle-ci l'ait dépassée. Balsillie et Lazaridis sont-ils encore dans la course? Ils ont gagné six mois avec le comité chargé de revoir la nécessité de leur coprésidence au conseil, mais d'ici là, il va falloir des développements concrets.

Il faut espérer, pour tous les employés et les sociétés qui gravitent autour de l'entreprise de Waterloo, que les pessimistes se trompent. Et que RIM redeviendra ce bolide qu'on ne voit pas encore dans le rétroviseur.

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