Le ministre fédéral des Finances Jim Flaherty déposera aujourd'hui un budget sans surprises, presque identique à celui qu'il avait présenté en mars. Il sera toutefois intéressant de voir ce qu'il aura à dire sur l'ambitieux plan de compressions de son gouvernement.

Pour tenir sa promesse de revenir à l'équilibre budgétaire un an plus tôt, le gouvernement Harper doit trouver rapidement 4 milliards d'économies récurrentes. On sait où il ne fera pas de coupes. Il y a cet engagement, maintes fois répété, de ne pas toucher aux transferts aux provinces, y compris la majoration annuelle de 6% en santé. Le budget prévoit aussi de l'argent pour plusieurs groupes, des pompiers volontaires aux aidants naturels en passant par les personnes âgées à faible revenu. La priorité donnée à la loi et l'ordre devrait aussi épargner les projets de prisons.

Pratiquement tout le reste, jusqu'à preuve du contraire, est dans la ligne de mire. Les détails viendront dans le prochain budget, au printemps 2012, mais on peut déjà s'attendre à ce que ce soit pénible. Ottawa privilégie toujours le non-remplacement de fonctionnaires fédéraux. Cependant, les programmes eux-mêmes feront l'objet d'un examen critique, a admis le nouveau président du Conseil du Trésor, Tony Clement.

Le chef de l'opposition officielle, Jack Layton, s'inquiète du financement des infrastructures municipales. On connaît leur état de délabrement. Si Ottawa veut faire des coupes dans les travaux publics, qu'il s'abstienne de financer de nouvelles constructions. Mais refuser de payer sa part pour sécuriser les ponts, canalisations et autres structures existantes friserait, dans certains cas, la négligence criminelle.

Et quoi qu'on dise sur les fonctionnaires, les coupes de postes auront des effets réels sur les services à la population. On le voit avec les mesures d'attrition en vigueur au Québec depuis 2004. Le non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux a eu un impact sur les services d'organismes comme l'Office de la protection du consommateur et la Commission des normes du travail, a montré notre collègue André Dubuc l'automne dernier.

L'exemple québécois montre aussi que l'attrition a ses limites, et ses effets pervers. Malgré l'élimination de 4500 «équivalents temps complet» entre 2004 et 2009, le plan de relance et la lutte contre l'évasion fiscale ont suffi à faire remonter l'effectif l'année suivante. Les consultants embauchés pour pallier la perte de compétences internes coûtent aussi très cher, au point d'annuler une partie des économies réalisées par les départs.

Tony Clement et Jim Flaherty ont beau s'être fait la main avec la «révolution du bon sens» du gouvernement Harris en Ontario, ce nouvel exercice de soustractions promet d'être un méchant casse-tête. Surtout si, comme le croient plusieurs économistes, les prévisions de croissance du budget se révèlent trop optimistes. Une baisse des rentrées fiscales compliquerait sérieusement l'atteinte de l'équilibre recherché.

akrol@lapresse.ca

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