Les frais de scolarité peu élevés ont-ils un effet dissuasif sur l'épargne-études? C'est la question qu'on se pose à la vue des chiffres publiés hier par Statistique Canada.

Les frais de scolarité peu élevés ont-ils un effet dissuasif sur l'épargne-études? C'est la question qu'on se pose à la vue des chiffres publiés hier par Statistique Canada.

C'est au Québec que les frais de scolarité moyens pour obtenir un diplôme de premier cycle sont les plus bas au pays. Pourtant, seulement 61% des parents ont de l'argent de côté pour l'éducation postsecondaire de leurs enfants de moins de 18 ans, montre l'étude Priorités concurrentes. C'est beaucoup moins que la moyenne canadienne (70%). Et, surtout, que les Albertains (78%), les Ontariens (74%) et les Néo-Écossais (73%), qui affrontent pourtant des frais de scolarité records.

De plus, seulement 60% des parents québécois cotisent à un régime enregistré d'épargne-études (REEE), montrent les réponses recueillies en 2009. Un contraste avec les Ontariens (70%) et la moyenne nationale (66%). Dommage, car Ottawa et Québec versent des subventions très intéressantes au REEE. Ne pas en ouvrir un prive l'enfant de fonds qui seraient bienvenus durant ses études.

La popularité de l'épargne-études augmente avec le revenu et le niveau d'éducation. Ce qui ne veut pas dire que les familles modestes ne pensent pas à l'avenir de leurs enfants. Celles qui gagnent moins de 32 000$ ont beaucoup plus tendance à économiser pour la formation de leurs enfants (26 %) que pour leur propre retraite (14%).

Les ménages à faible revenu auraient encore plus avantage à s'inscrire au REEE, car la contribution gouvernementale est plus généreuse pour eux. Les moins fortunés n'ont même pas besoin de cotiser : le seul fait d'ouvrir un compte permet déjà à leur enfant de recevoir jusqu'à 2000$ pour ses études

Le REEE gagnerait à être mieux connu et, peut-être, à simplifier ses procédures d'inscription.

Cela dit, la nécessité d'épargner pour la formation des enfants fait son chemin. En 2008, parmi les jeunes Canadiens de moins de 18 ans dont les parents s'attendaient à ce qu'ils étudient au-delà du secondaire, 68% pouvaient compter sur de telles économies. Dix ans auparavant, seulement 43% de ces jeunes disposaient de tels fonds.

Ce bas de laine est d'autant plus important que les Canadiens ont tendance à surestimer l'aide financière à laquelle leur progéniture aura droit.

Ainsi, 40% des parents d'enfants âgés de 13 à 18 ans s'attendent à ce qu'ils reçoivent des bourses ou des récompenses accordées au mérite scolaire, alors que dans les faits, seuls 15% des étudiants postsecondaires en ont, montre une autre enquête de Statistique Canada. La même pensée magique entoure les subventions et bourses attribuées en fonction des besoins financiers: 29% des parents comptent là-dessus, mais seulement 15% des jeunes en reçoivent.

Il sera intéressant de voir si la hausse des frais de scolarité fera évoluer les attitudes, et surtout les comportements, des Québécois par rapport à l'épargne-études.

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