Impossible désormais de le nier: le Service de police de la Ville Montréal (SPVM) a des problèmes de profilage racial. Ce n'est pas seulement la Commission des droits de la personne qui le dit dans son rapport, mais le patron du SPVM lui-même. Un progrès notable par rapport au déni qui prévalait avant. Reste à prendre les moyens qui s'imposent.

Impossible désormais de le nier: le Service de police de la Ville Montréal (SPVM) a des problèmes de profilage racial. Ce n'est pas seulement la Commission des droits de la personne qui le dit dans son rapport, mais le patron du SPVM lui-même. Un progrès notable par rapport au déni qui prévalait avant. Reste à prendre les moyens qui s'imposent.

L'escouade Éclipse, dans son effort de lutte aux gangs de rue, a fait de la surinterpellation, admet le nouveau directeur de la police, Marc Parent. Toutefois, dit-il, le nouveau mandat qu'il a donné au groupe, centré sur la criminalité et la violence, a changé la donne. Une réduction du nombre de contrôles enlèvera sans doute de la pression sur les jeunes des quartiers difficiles. Mais demandez aux minorités visibles de tous âges: le profilage racial n'est pas apparu avec Éclipse.

Et il peut subsister bien longtemps dans des pratiques établies considérées, de bonne foi, comme du profilage criminel légitime. Les allégations de profilage racial viennent de gens qui ne comprennent pas la complexité du travail policier, ont soutenu des agents de Hamilton dans le cadre d'une recherche. Une opinion qu'on n'aurait sans doute pas de mal à retrouver ici.

Le SPVM a récemment perdu une manche en cour d'appel: une personne trouvée coupable d'une infraction peut tout de même se plaindre de profilage devant le Tribunal des droits de la personne.

Encore heureux. Car comme chacun sait, quand on cherche, on trouve. Si la police profilait les personnes âgées qui fréquentent les parcs, elle pourrait multiplier les amendes pour flânage, ou pour avoir nourri les pigeons. Serait-on plus avancé? On ne l'est pas davantage quand des jeunes qui ne font rien de mal ne peuvent pas passer du temps avec leurs amis en paix dans les lieux publics.

Pire, le profilage racial sabote complètement les efforts d'intégration du système scolaire. Le message est brutal et sans équivoque: on vous a menti, vous n'êtes pas comme les autres. Vous êtes louches. Le profilage racial est si déstabilisant que même si on réussissait à l'éliminer complètement, ceux qui l'ont vécu auraient l'impression qu'il se pratique encore.

C'est pourquoi il est si important de pouvoir mesurer comment la situation évolue. Malheureusement, le SPVM refuse net. La police ne veut pas avoir à demander à ceux qu'elle interpelle de confirmer leur origine ethnique. Soit. Mais il y a peut-être d'autres façons d'évaluer les pratiques. Pourquoi ne pas solliciter l'avis de chercheurs externes?

Les nombreuses plaintes déposées à la Commission devraient également, si elles peuvent finir par être entendues sur le fond devant le Tribunal des droits de la personne, fournir un éclairage précieux. Chaque jugement indépendant dénonçant ou, au contraire, légitimant une pratique policière réduira d'autant cette terrible zone grise qu'est le profilage racial.

Tout cela, malheureusement, prendra encore bien des années.

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